mardi, octobre 24, 2006

Le ver dans la pomme

Le ver dans la pomme
Ou trois cas de vénalité véreuse qui rongent les plus nobles idéologies


Premier cas

Halloween

Mon milieu se pare pour la Halloween. Sous l’influence de Julien, le fils de mon voisin de l’âge de Tommy on a dressé des pierres tombales illuminé des citrouilles aux dents pointues, et fait courir des trainées de fils d‘araignée blancs, émanations de fantômes gluants.

Ici on a illuminé les arbustes de petites citrouilles, l’effigie d’une sorcière préside à l’accueil de notre domicile alors qu’un trident illuminé hésite entre la farce et la terreur.

Et c’est pareil partout dans la quartier. Sur le boulevard des Seigneurs, un BS que je connais a payé entre 50 et 100$ pour afficher devant la maison trois monstres gonflables qu’un moteur caché illumine, fait apparaître et disparaître.

Le jour de la Halloween les rues se rempliront de quêteux de bonbons qui, avec pour passeport le simple déguisement d’un coup de crayon feutre dans la figure, auront droit à la collecte. Accompagnés ou pas, ils passeront de maisons en maisons pour remplir leur sac de dragées de toute espèce allant de la simple papillote, succédané de la tire Ste Catherine, aux sacs de chips ou aux mini-barres de chocolat en passant par les traditionnels suçons et par les sucreries spongieuses de toutes les couleurs. On se montrera les prises et vite on identifiera les maisons les plus généreuses.

De retour à la maison on fera étalage de ces conquêtes et les mamans vigilantes, pour la santé des dents feront de sages remises aux rancarts de ces empoisonneurs de la santé. Les enfants qui auront eu leur fête, les oublieront plus vite que leur maman.

L’an dernier on a acheté pour près de 100$ de ces sucreries, À sept heures précises nous avons dû fermer pour faillite de ressource.

Cette fête de la Halloween est en train de dépasser la fête de Noël quant à l’importance du temps mobilisé et quant au volume de l’économie qu’elle stimule,
Dès le début d’octobre, tous les magasins, ces nouvelles églises du peuple, affichent Halloween. Les quincailleries, les épiceries, les banques mêmes, les centres d’achat, les boutiques de l’informatique, les vendeurs de matelas, les restaurants se plient aux rites et aux décors Halloween. .Je ne suis pas allé voir dans les églises ni dans les mosquées la version salut éternel ou bon plaisir d’Allah de cette importante fête de notre calendrier sécularisé.

Partout la fête est marquée du signe de piastre $$$. On a récupéré sans pitié cet hommage aux ancêtres et ce flirt fantaisiste que l’humanité se payait régulièrement avec l’autre monde,

En effet depuis les cultures agraires, de huit à dix mille ans avant notre ère on a développé de différentes façons le culte des morts.

Ce culte repose sur une croyance fort simple et très répandue, les morts, qui vivent dans un au-delà sont toujours intéressés par notre monde et y reviennent périodiquement. Le retour des morts se fait par les enfants. On baptise un enfant du nom de son grand-père car il en est l’incarnation.

À l’automne, le temps des récoltes il est normal que les morts participent aussi à la fête, qu’ils aient leur part aux biens de luxe qui marquent les libations automnales. Les bonbons, dragées, sucreries, sont l’image-symbole de cette abondance et de cette fête.

Comme, c’est de pratique générale dans toute l’humanité, les morts s’expriment par les enfants, la fête des morts c’est la fête des enfants. Leur déguisement bizarre et horrible est le reflet d’un autre monde. Les morts vénérés sont aussi craints. Il serait dangereux de leur refuser. D’où le droit presqu’absolu qu’ont les enfants en ce jour sur les gâteries que vous leur donnerez. On donne sans condition.

C’est ainsi qu’on a institué la Halloween qui a de profondes racines dans les pays nordiques mais qu’on a jusqu’ à ces derniers temps boycottée dans les pays latins. Le décor familier de la halloween aussi morbide soit-il est la représentation populaire de l’outre-tombe, de ses mystères de ses monstres et de ses peurs.

La citrouille est, pour les nations amérindiennes surtout, le symbole de la richesse, de la générosité de la nature, cette mère compatissante envers ses enfants.

Aujourd’hui ces riches symboles tout juteux de naïve humanité sont récupérés et maintenus artificiellement en vie par la faim et les espoirs que la conquête du dollar suscite chez tous.

Les enfants sont très jeunes initiés à ce culte du dollar et les adultes avec un sourire de complicité en coin en sont les véreux complices.

Florian

Les autres exemples de corruption viendront dans les semaines qui suivent si Dieu me prête vie et le temps un peu de temps.

À venir l’OTS et le multiculturalisme.

1 Commentaire:

Eddy a ?crit...

Bonjour Florian,
L'Halloween est devenu la fête des enfants. Tu as bien souligné l'engoûment que l'on y met pour célébrer l'événement. C'est peut-être pour nous faire pardonner le désintéressement généralisé des rites funéraires. Quand la mort de quelqu'un contrecarre nos projets (voyages planifiés, période des fêtes....) on congèle le défunt ou la défunte ou on l'insinère et quand on aura le temps, on fera les rites. Il n'y a pas de quoi s'étonner que les psychologues crient haut et fort que notre refus de vivre les deuils nous poursuit sous forme de vide et de neurasténie. Nos ancêtres célébraient la vie et la mort. On a peut-être perdu quelques valeurs en chemin. EDDY