vendredi, août 31, 2007

Plus jamais la guerre



Nous sommes le mardi 13 septembre 1939. Les pacages sont à sec. Pour compenser et empêcher les vaches de tarir, je dois démêler le foin de l’été et en servir aux vaches qu’on vient de finir de tirer.
Que je hais (pour j’aguis) cette tâche. La fourche à trois pics et à long manche
entre difficilement dans le foin entassé presque jusqu’au pignon dans la tasserie aménagée au-dessus de l’étable. Il faut s’y prendre à multiples essais de tous les côtés pour dégager des petites galettes de foin que l’on jette en bas. Souvent on n’en sort que quelques brins ou le paquet que la fourche prendrait est trop lourd.
Je travaille les dents serrées et l’esprit préoccupé.

Hier ma sœur Claire, cinq ans, a fait une crise. Elle s’est réfugiée en dessous du moulin à coudre, dans la cuisine d’hiver que nous n’occupions pas encore. Impossible de la sortir de là. Elle avait peur.
En fin de semaine, à la messe, des rumeurs de participation du Canada à la guerre déclenchée par Hitler circulaient, râflant toutes les attentions. Les huit postes de la ligne téléphonique du rang St-Alexandre étaient aux aguets.

La veille, vers six heures du soir, une sonnerie, qu’on n’avait pas pris le temps d’identifier
, (chez nous c’était trois grands et un petit coups) avait ouvert les huit cornets d’écoute du rang. La nouvelle, tombée drue comme un coup de tonnerre, était confirmée. Le 11 septembre, le Canada s’était allié aux anglais et aux français et avait déclaré la guerre à l’Allemagne.
Au souper on ne parlait que de cela. Les histoires de la guerre de 14 sont ressorties, toutes grasses des légendes qui les avaient entretenues. Elles étalaient sans retenue leurs horreurs sur la table de cuisine qui nous rassemblait après le train.
On parlait de polices qui venaient à l’improviste chercher les gens chez eux, de fuites et de séjours prolongés dans les bois environnants, de jeunes hommes qui s’étaient courageusement coupé un pouce ou une main à la hache pour être déclarés inaptes.
La guerre c’était aussi les bombes qui tombaient partout, mettant le feu aux maisons et aux bâtiments, les avions qui les lâchaient dans un vacarme infernal. Cette nuit, demain peut-être des nuées d'avions allemands, voleraient dans le ciel comme des sauterelles et laisseraient tomber lpartout leurs bombes de feu. Puis on supputait les chances ou les malchances qu’auraient nos cousins ou connaissances d’être appelés. Et le long voyage en mer pour aller porter la guerre aux vieux pays ou la supporter de nos vies…
Sonorités d’horreur. Ma sœur prit peur et en larmes alla se cacher sous le moulin à coudre de la cuisine d'hiver.
Pourquoi la guerre et comment l’arrêter. C’est ce qui me préoccupait en me battant contre le foin revêche. Tout à coup, je m’arrête, les deux mains au bout du manche de la fourche plantée à mes pieds…Eurêka me serais-je dit si j’avais alors connu Archimède. La guerre c’est une chicane comme nous en avons trop souvent entre frères et sœurs. On se chicane à la maison, ça se transporte à l’école, de là, village contre village, puis c’est le pays qui est en guerre et contre les autres pays. Au lieu des poings et des roches ce sont des bombes qu’ils se
garochent.
Ma décision est prise. Jamais plus je ne me chicanerai. Ainsi ce sera la tranquillité dans la famille, il n’y aura plus de batailles à l’école, ni de chicanes au village ni de guerre dans le monde. Je savoure ma trouvaille comme un bonbon qu’on aurait trouvé dans une tasserie de foin, au hasard des piquées de fourche.
Gonflé par cette décision, j’ai rapidement démêlé le foin qu’il fallait et un peu plus en pensant à la tâche du soir et j’ai vécu une journée ensoleillée par l’espoir. J’ai résisté à l’envie de talocher Berchmans (7 ans) qui me boudait et je n’ai surtout pas chiâlé « après » Yolande qui, un an de plus que moi, ne se gênait pas pour « faire sa boss ».
Je ne me souviens pas de l’effritement de ma résolution avant la fin de la journée ni les jours qui l’ont suivi. C’est parce que je me suis encore chicané par la suite que le téléphone à huit branches n’a jamais sonné pour annoncer la fin de la guerre et la paix dans le monde cette année là.
La nouvelle de la fin de cette guerre m’est parvenue plus tard, au noviciat, sous l’image du champignon atomique qui venait de signer la paix avec le Japon à Hiroshima et Nagasaki. Horreur sur horreur!
Quand je passe ce souvenir à l’ultraviolet, je crois déceler la continuité d’un fin courant entre le flash qui a illuminé tout mon être ce 13 septembre dans la tasserie et ma présente attitude incontournable et non négociable face à la guerre, face à toute guerre.

La guerre à St-Zéphyrin
Jusqu’en 39 la guerre ne figurait pas dans le ciel de mon enfance. On se chamaillait comme tout petit gars, frère rival dans une famille comportant de nombreux mâles. Mais je ne me souviens pas d’avoir joué à la guerre, de m’être fabriqué un fusil de bois ni d’avoir pratiqué la mitraillette en onomatopée. Le volant d’une auto nous fascinait et l’émission « Capitaine Bravo descendez » me faisait rêver avec ses vrombissements et ses exploits du haut du ciel. Je n’ai jamais joué au cowboy non plus, il n’y avait pas de fusil chez nous et mon héros de bandes dessinées, une espèce de Zorro masqué, dont j’ai oublié le nom, était un agent de la paix qui jouait de ses poings et de son agilité au service du journal de Québec, « L’Action catholique » que mon père achetait parfois le dimanche.

En septembre 39, le spectre de la guerre a occupé une bonne partie du ciel de mon enfance, comme un monstre aux contours dessinés par l’imaginaire, un monstre qui terrorisait les souvenirs, et qui hantait les rêves d’avenir que chaque mère fignolait pour ses enfants grandissant. Guerre sainte et guerre juste, étaient à St-Zéphirin, des termes incompatibles réservés aux citoyens d’une autre classe.
L
es Zouaves pontificaux qui, une fois par année, paradaient dans la grande allée avant la grand-messe, n’ont jamais réussi à amadouer ce monstre. Ces soldats, les seuls qui régnaient dans l'imagerie de St-Zéphirin, ne faisaient pas la guerre, ils étaient au service de Sa Sainteté le Pape.
En réalité, on a peu souffert de la guerre. La
conscription soumise avec des gants blancs en référendum par Mackenzie King en 1941, n’a pas levé beaucoup de soldats dans les campagnes. Les fils des cultivateurs surtout du Québec étaient moins menacés par l’enrôlement. Il fallait de bons bras pour faire les foins et les labours.
Les bons de rationnement créaient entre les femmes des liens de solidarité que par la suite, les timbres Gold Star vont remplacer comme instrument de solidarité féminines Cf. Les Belles sœurs de Michel Tremblay.
Les cultivateurs bénéficiaient pour leurs tra
cteurs de bons spéciaux (essence de couleur noire, qu’ils mettaient aussi à la dérobée dans leur auto) et étaient exemptés de beaucoup de mesures de rationnement.

Malgré ces ménagements, la résistance passive à la guerre et à la conscription était très forte. Les Canadiens français ont voté non au référendum sur la conscription alors que le reste du Canada votait oui à 79%.

On prenait plaisir à tricher le gouvernement et le récit de ces astuces figurait à notre palmarès anti-guerre, soigneusement mis à jour.

Ces résistances étaient soutenues par la politique et notamment par notre idole du temps, Henri Bourassa qui, avec son Devoir, lors de la première guerre mondiale, avait rallié une forte majorité de canadiens-français contre Borden et sa conscription.
Sous la table, c’était une autre guerre que menaient les canadiens-français. Une guerre contre les Anglais. Une guerre d’opposition aux politiques fédéralistes proposées par les anglophones et surtout par le parti conservateur, une guerre de fond, une guérilla à l’affût de toute escarmouche qui nous permettait de sauver la face suite à l’échec de 1837 ou de se dresser devant les multiples empiètements d’Ottawa sur nos droits de peuple fondateur. Notre guerre tonifiait notre identité de canadien-français catholique, menacée de toute part.

Voilà pourquoi, je crois, aujourd’hui, le cœur me lève quand on annonce à grand renfort le départ de jeunes québécois qui vont risquer leur vie au service de la guerre des conservateurs en Afghanistan, au profit de l’impérialisme américain et pour servir les intérêts des industriels impliqués dans la production d’armes ou dans la loto des pétrodollars.

Et je garde la conviction que mon intuition du 13 septembre 1939, épousée un peu p
lus tard par Gandhi et par Paul VI à l’ONU, est la seule qui vaille pour enrayer la guerre. La guerre ne prépare pas la paix mais la guerre. Si vis pacem para bellum est un leurre inventé par les stratèges catholiques pour consolider leur flirt avec le pouvoir. La paix vit de la paix, naît de la paix, non non de la guerre. L'oeuvre humanitaire en Afghanistan est un leurre pour remplir les goussets des pétrophiles!
Mon
icône qui m’ouvre le dossier de la guerre et de ses horreurs, c’est Claire en larmes sous le moulin à coudre dans la cuisine d’hiver ce 13 septembre 1939.
Florian
P. S.
La
guerre de 1914 a fait 8 millions de morts, en moyenne 900 soldats par jour en France. La guerre de 39, entre 50 et 60 millions. 69 canadiens ont laissé leur vie en Afghanistan! Pourquoi chiâler? Parce que c’est 69 de trop, parce que les oppositions à la guerre, à toute guerre gagnent du terrain. Il faut continuer la guerre à la guerre, jusqu’à ground 0.

jeudi, août 30, 2007

Sans paroles

















À comparer avec

Photo No 1

Photo no 2

et no 3 et no 4 et encore plus

Excusez les manoeuvres,


Florian - Novice co-capitaine

Nouveau à la timonerie.

Allah Rescousse,
Allah Rescousse, que j'ai prié, que j'ai prié...

Exaucé! Le Capitaine, déjà comparé au Conducteur du Petit-Train-du-Nord et son solitaire train de vie..., reçoit de l'aide à la timonerie. Un Co-Capitaine nous est né.

Oyé, oyé bonnes gens, et qu'on se le dise, Florian, à la main sure, homme de barre, en maîtrise sur la roue de gouvernail, co-dirige, maintenant et à jamais, le « vogue à l'âme » dit La~~Mer~~des~~Mots.

C'est un honneur pour moi; qu'il s'éclabousse sur tout lecteur! Florian n'en est pas à sa première chaire. Cet homme est une pile ion-lithium (*), complètement immergé dans les présentes années de technologies en développement. Penser que ce gars-là a connu le tabouret-trois-pattes pour la traite des vaches, l'électrification du Québec, enfant de la Grande Crise... Surprenant! Florian étonnant détonnant! Écoutons-le; lisons-le!

Voyons-le un peu, de ses chaires, sur le grill...

Photo zéro, Photo un, Photo deux, Photo trois, Photo quatre, Photo cinq, Photo six, Photo sept, Photo huit, Photo neuf, Photo dix.

L'homme est adossé à sa mort comme le fin causeur à la cheminée. [Paul Valéry]

(*) Pile à grande capacité de charge et de recharge.

mercredi, août 29, 2007

Le sang qui monte en soi.

Il nous faut écouter
L'oiseau au fond des bois
Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi

À ma dernière (juillet 2007) visite au Cabonga, prétexte, la pêche aux touladis, dorés, temps heureux, j'ai eu comme voisins de chalets, des « personnages à curriculum». Le bien connu monsieur Hasard nous a présentés. Conservant une image athlétique, Jacques, de plus de dix ans mon aîné, pédopsychiatre et prof-U.M., se dit à la retraite tout en continuant un peu la clinique. Il va, dos courbé, atteint de fatigue due la route d'accès difficile et ses élans sportifs d'il y a... (médaillé à la nage papillon). Hélène, orthopédagogue, psychomotricienne, coordonnatrice service ambulatoire et clinique des troubles anxieux, Programme de psychiatrie, CHU Sainte-Justine, kayakiste par beau temps.

Quand tu achètes une maison, tu ne choisis pas tes voisins, que je me dis... Aussi je me dis savoir « toiser » l'intérieur-nature des gens beaux.

Des civilités , quelques brèves conversations et les yeux d'un grand Jacques m'ont conté...

. . . o o o O O O o o o . . .

Imaginez une telle mise en scène... Vous êtes, en chaloupe, sur l'eau de l'immense réservoir Cabonga. Vous ne savez pas où c'est? Vous pensez à un coin perdu à vous y perdre aussi? Si c'est bien votre premier sentiment, alors vous êtes sur la bonne voie de comprendre ce qui suit. Lisez prudemment! Vous êtes sur l'eau...

Vous êtes en chaloupe... de pêche. L'immense réservoir Cabonga pourrait être visible de la lune! Le pays aux Peaux-Rouges, un pays voulu, resté sauvage, parce que protégé par la loi des Parcs et des Réserves « Made-in-Quebec », entre les Laurentides et l'Abitibi. Là où les épinettes profilent la ligne du ciel, dessinent les contours des lacs et des rivières, s'arrangent pour laisser le passage en «s» des chemins colonisateurs. Vous êtes chez vous... ;-)

Épouser la beauté, la sérénité des vastes espaces d'un bout du monde où il est facile de s'y perdre tous les jours, peut devenir une passion. Vous naviguez, vous glissez paisiblement au petit large, entre berges, îles nombreuses et points de fuite, loin, très loin. Aucune trace d'homme. Distant de familiarités, vos sens en éveil. La brise excite les effluves d'une eau calme et résinée. Une fragrance

que vous souhaitez tant et tant qu'il en vient presque à justifier votre prochain retour en ce pays de castors. Des parfums si agissants et variés que vous en cherchez les sources à chaque nouvelle inspiration. Parfois l'arôme d'une cédraie, encore le relent de l'humide sol forestier ou d'une tourbière embrumée parce que chauffée au soleil depuis l'aurore, mélange odorant dilué par un tiède vent d'été. Vous êtes sur l'eau de l'immense réservoir Cabonga; vous êtes bien et vous en êtes surpris! -- Vous jouez la game? Alors abandonnez un frileux « qu'est-ce que je fais ici».

À peine perceptible mais toujours disponible, selon votre ménagement, l'omniprésence de la senteur des grands bois. Ces grands bois plein la vue. De l'eau, beaucoup d'eau à noyer bien des habitudes, bien des fatigues de gens des villes. D'heureux bouquets de sensations voyagent de l'oekoumène à l'imaginaire de ces lieux. D'illusoires désirs s'attendrissent, déroutés par des références olfactives mal connues, par des regards ne sachant où se déposer. Tout est vaste, même les émotions. En ce pays grand, ce n'est qu'un mystère de plus.

À votre étonnement, de sous l'eau, c'est l'arrivée magique des huards. Curieux, l'oeil jais noir, cerné rouge, ils vous regardent tout en se maintenant en mouvement. Prudents, distants, lancent à l'occasion d'un je-ne-sais-quoi, un cri, un chant de haut-bois que vous n'oblierez plus... Que vous conterez. Que vous conterez en commençant par « Si t'avais entendu ça! ».

Soudain, comme un lest, l'un plonge avec grâce et la simplicité d'un envol, dans les eaux reflets du ciel. S'ajoute, pour vos oreilles en éveil, un strident « Cache-ton-cul-Frédéric-frédéric » qui vous ramène loin derrière les années ou encore la mélodieuse fauvette jaune anticipant les chaleurs comme le fait l'aussi discrète cigale en ce présent été... Vous êtes un simple vivant, heureux d'être assis dans une chaloupe! Faut le vivre pour le croire! Vous touchez à un instant de bonheur spontané. Vous vous découvrez d'une nature sans fard mais combien dissimulée, oubliée. Vous êtes sur l'eau de l'immense réservoir Cabonga; vous êtes juste bien.

Les marins d'eau douce et forte n'ont pas peur de quitter les hommes. Ils sont prêts à danser avec la solitude, celle qui rôde au large des banlieues. Peut-être faut-il accepter de laisser partir ou quitter quelques-uns, souvent des plus collés, souvent des référentiels à ce que l'on est. « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. » nous faisait lire un gros livre. Pourtant, d'expérience, la solitude choisie construit. Elle peut être une offrande essentielle au bonheur que connaissent les gens de petits et de grands larges. Il n'y a pas plus réel bonheur que celui qui vit au pays choisi. Une joie réelle, intense en ce pays, c'est profiter de la virginité d'un lieu qu'on aime croire être le premier à visiter et se tenir prêt à payer de son 'moi' pour toucher au bonheur. Accepter de défier la mort du citadin à quelques reprises dans sa vie, pour tenter de survivre à plus grand que soi, telle, la nature du Cabonga. « Être » sur ses eaux; être bien, partageant sa force silencieuse. Vivre dans un lieu nommé 'une beauté du monde' ou prétendre s'y glisser...

Ajouter à la scène le nom de votre chaloupe de départ que j'ai baptisée « Fériboite »... (*)

Ainsi, je pense m'être justifier le pourquoi d'aller à la pêche.

Jacques et Jacques.

(*) Pagnol, cinéaste et son truculent « Marius » provençal comme Provence... 1931, NB. Le « fériboite » (Ferry boat) qui navigue encore aujourd’hui, Méditerranée, Marseille-le-Vieux-Port, entre quai Rive-neuve et quai de la Mairie. --- Le « mistral » aurait-il balayé « Fanny», « César », « L'Escatefigue », « Le Bar de la Marine » « La partie de cartes » de vos mémoires?

p.s. !
...

Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère
Il nous faut regarder

Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté
Les filles au bord de l'eau
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient

... Jacques Brel
"Il nous faut regarder" ...heureux bonheur!



Condoléances à Monique Picard

Nous exprimons nos plus sincères condoléances à notre UVNAUTE, Monique Picard, pour le décès de sa soeur Angéline Picard à Noranda.
Florian
Merci Florian de nous donner l'information et l'occasion. Lucie et Jacques

lundi, août 27, 2007

Le coeur du xxième siècle

Le cœur du XXième siècle

Monique nous introduit au cœur de ce siècle.
Qu’est-ce que les historiens en retiendront? Je ne le sais. Il me plaît à penser que décléricalisation et sécularisation sont les deux gonds de la charnière de ce siècle. Le monde occidental pour le moins, semble avoir dans les années 60 à 80 franchi le seuil qui établit la démarcation entre un monde encore très marqué par les valeurs, l’organisation et le pouvoir religieux à un monde volontairement sécularisé et en processus rapide de désacralisation.

Les bastions les plus imprenables de cette civilisation judéo-chrétienne ont tour à tour et pendant une période de temps très courte (20 ans tout au plus) été pris avec une facilité étonnante. On peut penser, sans que l’ordre soit rigoureux, aux moyens de contraception, à l’avortement, la conception in vitro, l’indissolubilité du mariage, les relations pré-maritales, le costume religieux, les écoles catholiques, l’ouverture des commerces lors des fêtes religieuses, la liste de ces même fêtes légalement reconnues, la censure des films et des imprimés, le droit d’intervention de l’Église dans les conflits syndicaux … et la liste n’est sûrement pas exhaustive.

Au Québec ces modifications profondes de la société sont venues comme avec l’air du temps sans mobilisation importante, ni affrontements majeurs ni scission comme celles qui peuvent encore marquer la société américaine. L’Église par certains membres avant-guardistes de son clergé et par l’Action catholique a même pavé la voie à ces renouveaux. Les énoncés assez catégoriques venant du Magistère n’ont pas été soutenus avec vigueur par beaucoup de membres éminents du clergé. Le mouvement des femmes s’est plutôt concerté contre ou en critique musclée des dictats de l’Église surtout dans les domaines de la morale conjugale et matrimoniale. Le « Mouvement laïc de langue française » né dans le fracas a dû fermer ses portes, faute de combats.

Et est arrivé le concile Vatican II qui, avec ses bouffées d’air frais, aérait la Maison de Dieu. Depuis le concile de Trente en effet on étouffait dans la maison de Dieu. Tout y était contrôlé rigoureusement. Les hommes, par obligation d’état étaient au service de Dieu alors que l’incarnation si fondamentale au christianisme avait annoncé la Bonne Nouvelle d’un Dieu au service de l’homme et de son salut. Vatican II a réédité l’Évangile de la liberté et de la gratuité.
Il n’est pas surprenant que, dans ce contexte, des engagements pris devant Dieu et pour son service sur la base d’un destin qu’on qualifiait de privilégié (la vocation) aient été remis en question lorsque les valeurs de liberté et de gratuité sont apparues au palmarès des vertus humaines et chrétiennes.

Et ajoutez le fait que, du jour au lendemain ou presque, les institutions religieuses (collèges et hôpitaux) qui concrétisaient et motivaient les engagements quotidiens de ces religieux et religieuses sont démantelées et prises en charge par l’État. Le sentiment que le terrain glisse sous ses pas est très inconfortable. Il n’est pas étonnant qu’un grand nombre aient cherché leur voie sur des terrains plus solides.

En l’espace de cinq ans (entre 70 et 75), des statistiques pourraient le confirmer, il y a eu un nombre très important de « défroqué(e)s » au Québec et cela à des pourcentages semblables tant chez le clergé que dans les communautés de frères et de sœurs. Et cette sécularisation s’est faite sans violence ni acrimonie, comme l’eau qui se retire lentement suivant sa pente naturelle ou le fruit d’automne qui tombe à maturité.

À mon point de vue, tous les « Est-ce que » soulevés par Monique et repris par Jean ont une réponse commune et fondamentale quoique non exhaustive: les temps étaient mûrs, on est passé « tranquillement » dans le sens de sans violence, mais rapidement, d’une société cléricale ou très profondément marquée par les valeurs chrétiennes à une société laïque où la foi et tout son cortège d’institutions et de valeurs n’ont a plus pignon sur rue mais demeurent un choix personnel respecté, mais qui ne fait pas norme.
Quand je revois ce temps il me plaît de me rappeler avec quelle ardeur à l’intérieur des communautés, nous épousions les renouveaux qui surgissaient de partout, avec quelle paix et quelle sérénité la plupart que je connais ont pris et assumé « la grande décision » de quitter une communauté chérie pendant de longues années pour continuer les mêmes engagements dans un nouveau décor.
J’ai été aussi l’heureux témoin du sérieux et de l’ardeur que ces anciens religieux ont mis dans leur vie et leurs engagements séculiers. Jean et Monique ont été maire et mairesse de leur municipalité, d’autres ont pris des engagements dans les commissions scolaires, les hôpitaux, les partis politiques, les CLSC, l’animation de la pastorale paroissiale ou autre et que sais-je?

Et j’admire aussi les attitudes qui ont prévalu chez ceux qui sont restés et dans leur communauté et dans l’Église. Dans ces moments difficiles il y a eu à ma connaissance fort peu de mesquinerie et beaucoup de grandeur d’âme de part et d’autre. Le témoignage de Monique, quoique discret est sur ce point, est assez significatif. Partout où il y a de l’homme il y a de l’hommerie dit la caricature populaire mais ici, il y a eu des femmes et des hommes qui ont su bien faire les choses.

Jean pose deux questions importantes. Sans aucune prétention j’y apporte mon grain de sel de réponse comme si les questions m’étaient adressées personnellement.

Quel regard ai-je sur les années passées en communauté. Ces années me paraissent-elles contraignantes? Je réponds nettement, non, à cette question. Et je crois lire cette même réponse dans mon entourage d’anciens religieux et religieuses. Je me suis toujours senti privilégié d’appartenir et d’œuvrer dans cette communauté. Je l’ai quittée à regret mais sans amertume. Un peu j’imagine comme un jeune quitte le foyer familial pour passer à autre chose.

Quant au rejet massif de la religion par la majorité des québécois pendant cette période je dois dire que je n’y vois pas beaucoup de rapport avec notre crise identitaire. Ce rejet m’apparaît beaucoup plus comme le résultat d’un processus interne de la religion elle-même qui devait changer radicalement de forme et de discours pour s’incarner dans la pâte humaine en mouvance pour ne pas dire en transhumance. Jésus a dit on ne peut mettre de vin nouveau dans de vieilles outres, elles vont éclater. C’est ce qui est arrivé. La crise identitaire était probablement portée par la même énergie de transformation mais je ne crois pas qu’on puisse établir entre les deux un rapport de cause à effet. Il y a eu tout au plus concomitance ou « accommodement raisonnable » les deux voyageant dans le même bateau … sur une certaine mer de mots…

La sécularisation des religieuses et des religieux en 70 apparaît comme des battements importants du cœur du XX e siècle qui ont contribué grandement, du moins au Québec, à ouvrir une ère nouvelle à notre civilisation.

Florian


vendredi, août 24, 2007

Un simple commentaire

...risquerait de passer inaperçu. De la grande et noble visite trace et appuie une nouvelle orientation de ce blogue. Dame Monique Picard prend sa place tant attendue dans le projet embryonnaire de Florian, « ULTRAVIOLET ».

À titre de thuriféraire de La~~Mer~~des~~Mots, j'élève tout en haut de mes bras, ce bel encadrement chargé d'une digne lunule qui par son rayonnement, donnera beaucoup d'espérance à l'historien Jutras.

Chères lectrices, chers lecteurs, que votre éblouissement devant le courage et la force d'agir de cette Dame des Mots et de Mémoire vous incitent à faire de même. Vous avez pris plaisir à lire la prose de Monique; vous avez appris un peu de ce qui se passait à côté de vous. L'ULTRAVIOLET sera toujours gourmand d'histoires vécues et possiblement érodées et altérées par les effets du temps qui fuit.

Si vous ressentez le moindrement « un petit devoir de mémoire », allez, faites-donc! Il n'y a pas de gêne à se faire plaisir; il n'y a rien d'ostentatoire à monter pour un temps bref dans l'ostensoir! Oui, montrez-vous un peu...

Mille Mercis, Mille Bravos ma Généreuse Soeur et Dame Picard. Et encore, s'il vous plaît!

jeudi, août 23, 2007

Un grand crû sans l'étiquette

Toute la grande famille se retrouvait aux funérailles de tante Fabio, quatre-vingt-quinze ans, décédée au bout de son souffle, la semaine dernière.

Même si je ne suis pas particulièrement friand de ce genre de rituel je dois reconnaître qu’on y a apporté des modifications importantes et intelligentes.
Il n’y a plus ce noir dont l’intensité s’ajustait à l’importance du « client ». Plus non plus ce « Dies irae » en trémolo à induire chez les survivants une peur bleue de la mort toute en noir. Le glas funèbre au temps d’éternité n’a pas sonné et les porteurs n’ont plus l’allure des croque-morts au pas militaire mais sont d’humbles citoyens aux tempes grisonnantes, au service de la communauté.

Depuis un certain temps, c’est venu comme cela, comme une brume qui atténue toutes les aspérités, sans le tonitruer, je me dis non croyant. Les énoncés de l’étiquette catholique n’obtiennent plus mes amen. Je ne crois pas que Dieu est né un jour à Bethléem, qu’il est mort sur une
croix pour ressusciter le troisième jour. En conséquence je ne crois pas non plus que je vais ressusciter après ma mort ni retrouver comme récompense de mes bonnes actions ceux qui m’étaient chers dans la vie. Un cran de plus creux que André Malraux qui, trouvant que cela était si beau, souhaitait, sans y croire, que ce fut aussi vrai. Moi non. Je sais que le monde et la vie sont ainsi faits et je suis confortable là-dedans. Pas devant la mort mais devant la vie, devant ma vie qui se terminera par un point final.

Je ne dis pas que les funérailles de ma tante m’ont bouleversé l’âme. Cependant j’ai été touché par les différents temps de cette cérémonie. Je l’ai dégustée, lentement comme un bon vin qui nous réconcilie avec la vie.
Je ne suis pas spécialiste en rites funéraires mais je ne connais pas au monde de rites qui soient aussi efficaces que les rites catholiques, pourvu qu’ils soient bien exécutés, pour exorciser la mort, renouer les liens entre les vivants et nous relancer avec un nouvel élan à la conquête de notre vie.

L’une des principales raisons des rites funéraires c’est de permettre aux survivants de faire leur deuil de la personne qu’ils ont aimée. Ce fut fait avec quel tact! L’officiant avait pris soin de s’informer des principaux traits qui ont marqué la vie de ma tante. Il les a évoqués et comme dans un film en camaïeu aux teintes du passé et des souvenirs il a fait ressortir les traits les plus caractéristiques de la vie de ma tante. Tous la reconnaissaient mais elle appartenait déjà au passé. Ainsi, presqu’imperceptiblement, la coupure du temps s’est faite laissant intacts et même revigorés les liens qui nous unissaient à elle.

Les chants exécutés par quelques bénévoles redisaient en tonalités de paix les mots d’amour que chacun formulait dans son cœur. Ils répandaient en chacun la chaleur d’une vie qui avait été celle de ma tante et qui était celle souhaitée par tous, non celle d’un tonitruant au-delà de la mort.

À l’homélie, l’officiant fit de sobres commentaires du passage de l’Évangile judicieusement choisi où Jésus parle de préparer une place là où il va. Le mystère de l’au-delà est respecté dans son entier sans en forcer aucune porte.

Et à la communion avec des accolades bien senties, chacun était fier d’exprimer les liens qui l’unissait à tante Fabio et de repartir célébrer ensemble la vie qu’elle avait rayonnée avec tant de vigueur.

Un rite tout orienté non vers la mort à apprivoiser ou l’au-delà à percer mais un ensemble de gestes et de paroles, baume sur les plaies des survivants, tonique qui gonfle le goût de vivre, liens qui renoue les amitiés et fraternités établies.

Ce fut si intense que lorsqu’au crématoire on tira le rideau devant la tombe j’ai eu le réflexe d’applaudir comme l’on fait quand on ferme le rideau après la dernière scène. Je ne l’ai pas fait par pudeur, mais j’aurais dû, par vérité.

Les funérailles chrétiennes, un bon crû, mûri de longue date, que l’on verse bien dosé aux convives comme réconfort, sans les importuner avec les étiquettes de foi catholique.

Florian

LA GANDE DÉCISION

LA GRANDE DÉCISION

Septembre 1966.J'arrive au Couvent de la rue Rideau d'Ottawa tenu par les Soeurs de la Charité d'Ottawa (Soeurs Grises), afin d'y demeurer pendant que j'étudie à l'Université d'Ottawa dans le but d'obtenir mon baccalauréat en sciences infirmières. Je vivrai ici quatre années. C'est un très grand jour pour moi, car il y a longtemps que je désire faire ces études.

Je suis habillée comme toutes les religieuses du Couvent, car depuis 1951 je suis une Soeur de la Charité d'Ottawa. Après un an de postulat et un an de noviciat, je suis envoyée en mission au Sanatorium St-Laurent de Hull comme responsable des Laboratoires, compte tenu de mes quatre années d'expérience dans le domaine. N'ayant que ma 9e année d'études, je m'empresse tout en travaillant de poursuivre mes études de 11e et 12e année du Québec, ainsi que la 13e année d'Ontario. Après ces six ans de surmenage, je me retrouve hospitalisée à mon tour pendant un an au Sanatorium St-Laurent souffrant de pleurésie. Ce fut une année pénible mais en même temps enrichissante pour moi. Les longues heures de réflexion et de lecture m'ont appris a dire ``NON `` aux exigences exagérées de mes supérieures et de moi-même.
J'ai appris à mener une vie plus équilibrée.

Après un an et demi de convalescence, j'entre à l'École de Technologie Médicale de l'Hôpital General d'Ottawa pour deux ans. J'aurais préféré faire mon cours d'infirmière mais la communauté avait besoin de mes services dans ce domaine. Heureusement qu'après mon cours, je suis envoyée en mission dans le petit Hôpital de Buckingham où je côtoie davantage les malades.
Pendant mon passage a l'Hôpital Général d'Ottawa, j'ai eu la grande chance de vivre près de la Directrice de l'École des infirmières de l'Université d'Ottawa qui a bien compris mon désir de devenir infirmière. Elle a convaincu mes Supérieures que je servirais mieux la communauté en étant infirmière.

Au cours de ma vie, au moment ou j'avais besoin d'une personne ompréhensive, empathique, chaleureuse, je trouvais cette personne à coté de moi, et souvent c'était une religieuse. J'ai perdu ma mère à quatre ans. Mon père était convaincu que c'était les religieuses qui pouvaient le mieux éduquer ses trois filles. J'ai donc été pensionnaire pendant dix ans chez des religieuses. J'y ai vécu des années de bonheur. Malheureusement, lors de mes 14 ans mon père se remarie et ma belle-mère m'oblige à aller travailler à l'Hopital d'Youville de Noranda au lieu de continuer mes études. Là aussi une religieuse me sort de mon emploi de femme de ménage pour me donner un emploi plus valorisant de technicienne en laboratoire. Ces religieuses ont sans doute influencé ma décision d'entrer en religion en 1951.

En septembre 1966, je me retrouve donc étudiante à l'Université d'Ottawa tout en demeurant au Couvent, de la rue Rideau. Ces quatre années d'études furent des années décisives dans ma vie.
De 1960 à 1970 le Québec et l’Église connurent de grands bouleversements : la Révolution tranquille et le concile de Vatican 2.
J'ai eu la chance de vivre dans un milieu d'avant-garde avec, entre autres,
sept compagnes avec qui je participais chaque semaine à des échanges sur notre vécu dans ce monde de changements. Notre animatrice était une compagne professeur de théologie à l'Université St-Paul d'Ottawa et notre aumônier était directeur du Centre Novalis à Ottawa. De plus, à l'Université j'entendais les commentaires et les critiques de mes compagnes d'étude laïques sur l'Église et les communautés religieuses. La réalité nous ``pétait`` dans la figure. Impossible de faire l'autruche. Les railleries nous forçaient à prendre conscience de la réalité. Nous sentions l'agressivité monter envers les religieuses et l'Église.

Progressivement , nous en sommes venues à la certitude ``qu'il valait mieux opter pour la vie que pour la mort``, parce que nous croyions que notre communauté se dirigeait vers une mort lente.

Mais avant de prendre la grande décision, nous avons décidé d'aller aux sources. Nous avons donc demandé au Conseil Général de la communauté de nous recevoir pour discuter de la situation actuelle. Le Conseil nous a reçues et écoutées mais avec méfiance. Par la suite nous avons été considérées comme des ``rebelles`` qu'il fallait séparer les unes des autres. Moi, ayant terminé mes quatre années d'études, je fus envoyée ``en prison`` à la Maison Provinciale pour avoir soin des religieuses âgées.

Comme je demeurais convaincue alors que la meilleure décision était de quitter la communauté, je demandai une exclaustration, c'est-à-dire que j'allais vivre pour un temps dans une autre communauté religieuse. Ce que j'ai obtenu immédiatement. Les Soeurs Ste-Croix de Hull m'ont accueillie chaleureusement. J'y ai vécu trois mois pendant que je travaillais comme infirmière chef d'équipe à l'Hôpital Pierre Janet de Hull. Ma conviction étant toujours la même, je demandai d'être relevée de mes voeux, ce que j'ai obtenu sans difficulté. Mes sept compagnes du couvent de la rue Rideau firent de même.

Pendant ces années de grands bouleversements dans ma vie personnelle et communautaire, la société Québécoise vivait la Révolution tranquille. Pour essayer de mieux comprendre cette révolution ainsi que son influence sur les communautés religieuses féminines, faisons un brin d'histoire.

``Au milieu du 19e siècle le Québec sort d'une période sombre. La défaite des Patriotes et la proclamation de l'Union du Haut et du Bas-Canada
entraînent un affaiblissement de l'élite politique de la société canadienne -francaise. Ces événements ont des conséquences sur la vie des femmes. La plus importante est sans doute la cléricalisation de la société Québécoise qui s'installe dans la foulée de ces événements et qui amène avec elle un encadrement de la vie des femmes, parfois jusque dans leur intimité. En revanche, en prenant en charge le champ de l'enseignement et des services sociaux , l'Église catholique favorise la fondation et le développement de nombreuses communautés religieuses féminines qui permettront non seulement d'offrir toute une gamme de services à la population, mais qui offriront aussi l'occasion à des femmes de mettre en valeur leurs talents et d'apporter une immense contribution à la société Québécoise.``
(Oeuvres de femmes 1860-1961,Lucie Desrochers, les Publications du Quebec, 2003,Préface page X.)

650 femmes portent le voile au Québec en 1850, tandis qu'en 1960 elles sont 35,073. Cette période est l'âge d'or des communautés religieuses féminines au Québec. La Révolution tranquille a sabré dans la cléricalisation de la société Québécoise. Les communautés religieuses féminines pensaient que la Révolution tranquille se ferait avec elles. Au contraire elle s'est faite sans elles. Partout, elles sont évincées des postes de commande .

Pourquoi les religieuses ont elles été évincées par le Gouvernement du Québec des postes de commande lors de la Révolution tranquille ? Est-ce bien que le Gouvernement du Québec voulait tourner la page à la cléricalisation de la société Québécoise qui a commencé à se faire au milieu du 19e siècle ?

1850 a 1960 : la société québécoise a vécu un siècle de cléricalisation. Étant donné que cette cléricalisation a commencé à cause de la faiblesse des politiciens du temps, faut-il s'étonner qu'en 1960, temps où le Québec avait des politiciens chevronnés, que ces politiciens veuillent mettre fin à cette cléricalisation ?

Est-ce que l'Église catholique a pris une bonne décision en comblant ce vide politique ? A la Révolution tranquille un grand nombre de religieuses se sont retrouvées à 40 ans au plus à refaire leur vie comme laïque dans la société, parce que l'avenir des communautés religieuses ne correspondait plus à leurs aspirations.

Est-ce que la population québécoise aurait reçu une aussi bonne éducation, d'aussi bons soins aux malades et une aide aussi précieuse aux démunis de notre société, si l'Église catholique n'avait pas comblé ce vide politique ?
Monique Picard

Monique Picard - UVnaute


Il nous fait plaisir d’accueillir Monique Picard
comme UVNAUTE participante à la chronique
ULTRAVIOLET.
Voici les grandes lignes de son parcours.
À venir, la GRANDE DÉCISION

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Le premier mai 1932 à St-Malachie de Dorchester était baptisée Monique Marie, Anna Picard fille de ……. De 1938 à 1946 allant du Couvent de St-Anselme en Beauce jusqu’à l’Orphelinat St-Michel de Rouyn elle fit son cours élémentaire et le premier cycle du secondaire.
Puis elle fit ses 11e, 12e et 13e années à Hull et Ottawa pour obtenir en 1964 le grade de technologiste médicale à l’Hôpital General d’Ottawa puis le baccalauréat en sciences infirmières à l’Université d’Ottawa en 1970 et, en 1974, une Maîtrise en sciences infirmières de l’Université de Montréal.
Elle fit ses premiers vœux chez les Sœurs Grises d’Ottawa en 1953 et ses vœux perpétuels en 1956. Elle obtint sa sécularisation du même institut à Hull en 1971.
De technologiste médicale en chef à l’hôpital St-Joseph de Maniwaki, de 1964 à 1966, elle prendra la direction des soins infirmiers à l’hôpital St-Charles de Joliette, de 1974 à 1982. De 1988 à 1998 elle est chargée de l’inspection professionnelle pour l’Ordre des infirmières du Québec et du Conseil canadien d’Agrément des Établissements de Santé.
En 1972 elle épouse Jean Grondin, ex Frère du Sacré-Cœur. Le couple s’installe à Ste-Marcelline et adopte trois enfants en difficultés : Guy, Francine et Serge.
Jean deviendra maire de Ste Marcelline. Il décède en 1999.
Monique s’est impliquée socialement comme mairesse de Ste-Marcelline et comme militante dans le Parti Québécois de Joliette dont elle deviendra la présidente. En 2005, elle épouse Gérald Boyer, vend la ferme et s’installe à Rawdon.
Dans LA GRANDE DÉCISION Monique nous raconte comment elle en est venue à quitter sa communauté.
Elle réserve à l’ULTRAVIOLET d’autres intéressantes incursions dans ses souvenirs.
Mille mercis pour sa collaboraton.
Florian

lundi, août 20, 2007

Conscience de vivre

Conscience de vivre

Entre le réveil et le lever, sur le dos je suis étendu, à peine remis de mon recroquevillement de nuit.
Avant-hier je suis allé voir un oncle, Frère du Sacré-Cœur, qui célèbre ses 70 ans de vie religieuse et qui frôle les quatre-vingt-dix. Sa conscience comme il dit, saute des mailles, mais le tissu tient.
Hier, coup sur coup, comme en mitraille, la nouvelle d’un locataire-ami, 29 ans, souffrant d’une maligne tumeur, père d’un garçon de cinq ans, au bout de sa tolérance, s’est accroché au haut de sa porte et a remis l’âme. Puis celle du décès de la tante de quatre-vingt quinze ans, à l’hôpital depuis quelques jours seulement qui, sans déranger, comme elle a toujours vécu, s’en est allée elle aussi.
À la radio, Johanne Verdon débite ses leçons de santé, comme nous autrefois, avant de partir pour l’école, notre catéchisme à 508 numéros.
Et moi, je vague et divague, butinant ces nuages informes, je gribouille en quelque part dans ma tête une infinité de points d’interrogation. Qu’est-ce que vivre? Qu’est-ce que la conscience de vivre? Quels ont pu être à l’Ultraviolet les états d’âme de cette conscience au bord du dernier moment?

Je me surprends à passer en revue quelques carottes de mes états d’ âme.

D’abord, je suis gépéessisé de la tête au pied. Sur une grille mouvante, chacune des parties de mon être physique est rapportée comme les blogues sur la toile du Québec. Il me suffit de syntoniser pour connaître l’état de mes oreilles camouflées dans l’oreiller, l’angle de mes repliements de jambes, la température qu’il fait au bout de mon nez. Un scanner interne me découpe en tranches et me donne sur demande l’état de chacun de mes morceaux. Il me dit que je suis là.
Le là visqueux d’un Jean-Paul Sartre ou celui pointilleux d’un Proust ou celui débordant d’énergie d’un Gargantua ou encore le hanté par les vents d’Espagne d’un don Quichotte … Où je suis, je le sais toujours, presqu’infailliblement, mécaniquement, automatiquement. Ma conscience de vivre est d’abord géo-physique.

Comment je suis? Comment je me sens? Mes états d’âme, c’est plus vaporeux. C’est le premier sujet de conversation. Comment vas-tu? Quand ça va bien ou relativement bien je réponds des non-signifiances quand ça va mal je le sais mais je ne réponds pas. Je le sais à mes gestes. Mes balles au tennis sont décrochées tout croches. Ça se voit, je ne suis pas dans mon assiette. Mais qu’est-ce qui ne va pas? Qu’est-ce qui démarque les optimistes des pessimistes? Le foie ou la foi? La nuit? Une nouvelle-tornade? La conscience ou le pressentiment d’un échec? L’atmosphère respirée à l’enfance?…
Quelle conscience de ses viscères peut-on avoir juste avant que la corde étrangle? ou que le rideau se ferme sur sa nuit ou sur sa vie?

Je soupçonne qu’il y a beaucoup de biologique ou de neurologique là-dedans. Un sensor, semblable au GPS qui définit la conscience du lieu, mais un peu plus compliqué et un peu plus subtil. Je mesure par sondes et carottes cette conscience de vivre liée à ses états d’âme. Je soupçonne aussi que la qualité de vie, voire le bonheur dépend en grande partie de ses états de conscience deuxième niveau. Pourtant d’aucuns semble préférer, criblé de dettes, se péter la gueule en Lanborghini sur l’autoroute à la conscience du travailleur à la petite semaine ou à celle, fleurie, de l’handicapé qui s’est forgé une conscience de Jésus-Christ.

Je cède au nombrilisme et je tourne ma sonde vers moi, moi-même et moi seul. Qui suis-je? Ma conscience de vivre semble liée à celle non moins mystérieuse de mon identité. Qui je suis? Hic et nunc ça va. Mais dans le temps passé? À 12 ans ou à 20 ans ou à 64 comme notre du Fleuve? Quelles ondes numériques définissent la continuité entre mes identités ou mes consciences d’identité variables?
Le souvenir de ce que j’ai été c’est différent. C’est codifié, gelé, sauvegardé. J’ai des cases pour garder mes souvenirs. Tout comme les images de mon père qui limait sa scie en plein hiver ou le souvenir des premières explications que je donnais de la Trinité à des enfants de quatrième année à St-Victor. Le souvenir de mes états d’âme d’alors c’est du pareil au même. J’étais craintif ou naïf, c’est entré comme tel dans ma caméra numérique. Mais la sensation ou l’émotion de ces sentiments qui vibraient en deça de l’instant, je ne puis les retrouver. J’entends à peine, en des moments super-zen, la vibration de la continuité entre ma conscience de vivre à 12 ans et celle que j’éprouve maintenant, au neutre, entre deux réveils.

Revenons au lit, au petit matin, avant d’aller jouer au tennis. Je vis, j’en suis conscient. Je suis moi et personne d’autre. Personne d’autre que moi ne peut capter cette longueur d’onde qui m’est propre. Elle m’est plus personnelle que mon ADN. Mais d’où vient-elle et de quoi est-elle faite? Mystère et boule de gomme.

Je parierais qu’elle est beaucoup physique ou biologique ou physiologique elle aussi. De la testostérone aussi, prétendrait Jacques. Des courants et des ondes mesurables à cent pour cent. Pourrait-on pour autant la réduire à un nombre, la numériser pour utilisation ultérieure? J’en doute. Y aurait-il un insaisissable un jenesaisquoid’autre à ajouter au cent pourcent des éléments de cette conscience état d'âme?

Jouons aux mathématiciens. Mettons cette conscience entre parenthèses. Il reste quoi? Le sommeil? Un état de béatitude? Autrefois on disait qu’on perdait « connaissance » pas conscience, la conscience étant alors réservée à Caën, au bien et au mal. J’ai déjà « perdu connaissance ». Je me sentais bien, libéré d’un fardeau que j’estimais trop lourd pour mes épaules. Mais mon souvenir de cet événement n’est pas celui d’un vide dans la conscience de vivre. C’est quoi alors? Qu’en disent les mathématiciens? Peut-on ajouter une unité au 100 pour cent ou la retrancher sans le modifier. Je sonde le mystère ou la faiblesse de mes piles pour éclairer de rationalité mes états de conscience.

En bref, je sais que ma conscience de vivre est là. Elle me définit. Cependant, je n’en puis rien saisir. Elle me file entre les doigts comme un nuage qu’on essaierait de mettre en boîte.
L’important, c’est de sentir sa rose disait Bécaud. .
En général, grâce à quoi, ou grâce à qui, je ne le sais, j’ai la conscience de vivre plutôt positive. Les grandes angoisses ne me courbent pas trop l’échine. L’aiguillon de mes travers ne me torture pas l’identité. J’ai plutôt pris le parti d’en rire que d’en pleurer. Un rien, comme un petit matin à flâner entre deux réveils, peut gonfler à bloc ma conscience de vivre.
Allègre je me lève, Elle me suivra ma conscience. Au fait est-elle plus rose le matin que le soir? Bonne question! Il faudrait voir.
Quelle sera ma conscience de vivre au bord du dernier moment? Futile question
Et Hop! Au tennis!
Florian

dimanche, août 19, 2007

Fais une phrase...

Ti-Gus, fais une phrase avec le banane.

-- Bananiversaire à l'occasion de tes 64 ans.

Chat d'heureuse mémoire...

J'ai reçu trois cadeaux d'anniversaire. Un prochain message vous en parle.

T'cé veu dire!

TESTOSTÉRONE ET LANGUE

Le taux de testostérone a une influence directe sur l'étendue du vocabulaire et sur la durée de prononciation des syllabes, a trouvé une recherche du département de linguistique de l'Université de Montréal. Plus le taux de l'hormone mâle est élevé, moins le vocabulaire est varié et plus la prononciation des mots est courte. Cette découverte confirme les différences langagières entre hommes et femmes. En général, les femmes utilisent un vocabulaire plus étendu. Elles «étirent» davantage les syllabes, une caractéristique propre aussi aux homosexuels. -- Source: Le taux de testostérone modifie les fonctions langagières ( Le signataire de l'article, Daniel Baril, vous connaissez? )


Pourquoi de nombreux Québécois, les Tabarnakos sacrent-ils? J'ai déjà entendu comme explication: carence de vocabulaire... Bandant!

mercredi, août 15, 2007

Indiscrétion...

...qu'un homme bon me pardonnera.

Frère MARIE-Albert et moi entretenons un lien cyber-espacé. Tous ceux qui le connaissent, voient d'évidence, la dévotion qu'il entretient avec "sa Vierge Marie". Et moi, ma dévotion va aux humains murs sans être blets évidemment. J'aime savourer ces fruits d'humanité dans leur plein état d'homme, de femme. Savourer n'est pas le mot; je croque à mort! Des gens qui donnent leur héritage avant que le notaire s'en mêle, sont des gens d'écologie de la vie. Les hommes ne deviennent grands qu'à l'aide de leurs précédents...

Aujourd'hui, je recevais, par la poste snail-mail, un trèfle à quatre feuilles d'une jeune-vieille de nonante ans! Et je sais que ce n'est pas la première fois qu'elle en désherbe! Plus et plus, c'est une sourcière! Pas de farce! Je l'ai vue plusieurs fois dans l'exercice de ce loisir qui lui en rougissait les mains et lui donnait mal aux épaules... Ce cadeau quadri-folié voulait souligner ce qu'Eddy, Réjean ont souligné avant moi! (Des amis, ça sert à quoi?) Oui, je ne le cache pas. Le dissneuffou me sonnera le très très grisonnant 64 ans.

Bon. ben, passons.

Alors, à Marie-Albert, celui qui m'a donné, en ce 15 août du grand départ de sa dévotion, l'Assomption de Marie, je lui ai souhaité le sourire d'une belle journée mariale.

Le voici en réplique:
"Bien cher Jacques,

Merci de tes bons voeux. Je pensais à la procession de cinq heures à la fête de la Vierge à Chertsey, les années s'envolent mais les souvenirs restent. J'aime bien tes diaporamas, il sont vivants, merci! Albert "

Ce que cela serait de mise que la description d'un tel événement (*) soit décrit sous la rubrique de l'UV!

(*) Événement, évènement... Maudit français!


Quelques rayons UV.

Ce petit matin gris du 15 août, me laisse le loisir de me regarder dans le calendrier... Ce mois aoûte et que j'aoûtasse ne changeront rien à l'égrènement du chapelet des jours tel celui de l'Assomption.

En Acadie, c'est la fête nationale et le rappel du « grand dérangement ». Je profite de l'occasion pour souhaiter une journée particulière à Jeannine Landry, l'acadian queen d'Eddy National!

Ce mi-mois signale au jardinier son succès ou son insuccès de la saison. La mère-nature me récompense cet été. Les grosses tomates écrasent leur support. Les petites fèves ont fini de rendre. Hier, je jetais au compost, une boîte de super concombres et des zucchinis gros comme mes mollets! Mon jardin est mûri par la chaleur du mois d'août.

La fête de l'Assomption, le jardinage, deux sujets inspirants pour la rubrique de Florian, l'UV. Je prends quelques lignes pour souligner une « officialisation » de l'enseignement par les communautés religieuses ayant eu lieu un 15 août 1808. Le gars du Code, Napoléon 1er (*), pour le nommer, décrète ce matin-là sur l'éducation. Son article 38 précise que les écoles doivent désormais suivre les « principes de l’ Église catholique » et son article 109 mandate les Frères des écoles chrétiennes pour s'occuper de l’enseignement primaire et de former les instituteurs. -- Le rayonnement Ultra-Violet remonterait-il jusqu'à ces époques lointaines?

J'ajoute un autre rapprochement lointain. Le gars de tous les Français, François 1er, pour le nommer, décrète ce soir-là. On est le 15 août 1539 et on a assez causé. Ce roi « démocrate » signe l'Ordonnance de Villers-Cotterêts imposant le français (langue d'oil >> bassin parisien et vallée de la Loire) pour la rédaction de tous les actes officiels. Les actes légaux et notariés seront désormais rédigés en français. Le latin jusque-là utilisé n'approchait que les personnes instruites. Ce fait français a été facilement accepté puisque déjà, l'élite du peuple, le peuple même éloigné des centres administratifs parlaient le « françois ». Pourtant, sa généralisation sera lente. -- Le rayonnement Ultra-Violet remonterait-il jusqu'à la complicité entretenue entre la langue française et la religion de Rome?

(*) Napoléon Bonaparte, Empereur des Français, est né le 15 août 1769

Un petit jeu? Qui est Guilelmine?
Qui a dit que l'histoire (l'UV?) est une mensonge que personne ne conteste?

dimanche, août 05, 2007

Fraises sauvages et Mousse aux fraises






Fraises sauvages et Mousse aux fraises

Dans l’excellente rétrospective des films du grand maître Bergman ce dimanche on nous montre un épisode de « Fraises sauvages »

Isak Borg vieillard mesquin et revêche se rend à Lund où on doit le fêter. Il rencontre un corbillard et se voit à la place du mort.
Une horloge sans aiguille fait la revue de sa vie.
En route il va voir sa vieille mère et revoit le tapis de fraises sauvages où il a surpris son jeune frère avec sa fiancée, Sara. Marianne qui conduit l’auto lui ressemble. Étendu sur l’herbe Isak fasciné lui sourit.

Étrange pouvoir des fraises sauvages de porter, même à rebours, une même fascination!

Image et émotion dans le même train
Fascination
Jeunes filles venant de l’étang au fond du champ
Fascination
Fraises sauvages qui rougissent sous les clôtures au printemps
Fascination
Tapis de fraises sauvages sous les amants
Fascination
Rouge-fraise qui colore joues et vacances des écoliers au printemps
Fascination
Mousse aux fraises qui hante les palais des chargés d’ans

Fascination

Vieillard près du corbillard qui sourit à la vie

Fascination
Des images qui valent mille mots
Fascination
Des mots qui portent les émotions aux vents de la mer au printemps!
Fascination
Des souvenirs qui font revivre
Et désirer toujours de la Mousse aux fraises sauvages au printemps!


Fascination
Fascination des choses et des mots
Fascination des souvenirs et des émotions
Fascination des vivants et de la vie
Fascination! sauras-tu faire sourire la mort?




Florian

samedi, août 04, 2007

Recette de la mousse aux fraises à Yvonne






La mousse aux fraises à Yvonne

Pour répondre à la demande générale, je vous livre l’authentique recette de la mousse aux fraises que ma mère a donnée plus d’une fois à ses filles et à ses brus.

* Un plat bleu à ras le bord de fraises des champs fraîchement cueillies et équeutées;

** Un plat rose de sucre blanc ;
*** Quatre blancs d’œufs à la température de la pièce;
**** Mettre les blancs d’œufs dans le grand plat blanc et les battre avec la batteuse à main;
***** Lorsque le blanc monte en mousse, tout en continuant de battre, ajouter lentement les fraises et le sucre;
****** La mousse se prépare avant le repas et se sert au dessert.

Note : Malgré la précision de cette recette, aucune de mes sœurs ou de mes belles-sœurs n’a réussi à faire une mousse aux fraises aussi délicieuse que celle que j’ai mangée ce 24 juin 1941.Vous savez pourquoi!

Sentir bon la mer

----------------
Faisant suite à un commentaire que j'ai rédigé en queue de « La mousse aux fraises. »

La butte

C'est sur la bute en face de notre maison

Que j'ai vu passer la première saison

J'allais compter jusqu'à 180

Pendant que d'autre allait s'cacher dans l'foin.


Quand j'me trainais su'l'ventre pour voir l'autre bord

Les deux oreilles à pic comme un renard

C'est qu'mon grand-père, Richard, avait d'mandé

Les garde-pêche sont-ti ben dans la baie?


La première fille qui m'a montré l'pôl'Nord

C'est sur la bute, mais c'te fois là d'l'autre bord

Dans une cabane en face du grand plaquier

Ousque les soeurs allaient s'déshabiller.


C'est sur la bute que j'ai appris les noms

En même temps qu'à démêler les maisons

Montrer quel bord qu'était l'Étang du Nord

Ousque j'irai quand je s'rai grand et fort.


Georges Langford. Îles-de-la-Madeleine.

Faudra que je vous fasse écouter "La butte"...


Georges jeune.

Georges sur pochette.

Georges avancé.

Georges aimé.


Auteur, compositeur et interprète, né à Pictou en Nouvelle-Écosse en 1948, Georges Langford passe son enfance à Havre-aux-Maisons (Iles de la Madeleine). Il y ouvre quelques boites à chansons avant de s'installer à Montréal en 1970 où il écrit la chanson Le Frigidaire qui sera popularisée par Tex Lecor.

Il connaîtra ses propres succès avec Thunder Bay et Le 15 de Mai (pour entendre un petit peu sa voix chaude et simple d'harmonie) et publie un premier recueil de poésie en 1973, intitulé Arrangez-vous pour qu'il fasse beau. Il fait la Place des Arts en première partie de Louise Forestier en 1974, avant de représenter le Canada au Festival de Spa (en Belgique) en 1975, où il remporte un prix avec la chanson Acadiana.

Après des spectacles avec Plume Latraverse et Willie Lamothe en 1981, il poursuivra sa carrière à la radio des Iles de la Madeleine. Pendant cet hiatus, il en a profité pour publier deux recueils de poésie, Le premier voyageur (1992) et L’Anse-aux-Demoiselles (1985). Au cours de sa carrière, il aura aussi composé la musique des films Ti-Cul Tougas et La noce n'est pas finie.

Il nous revient en 2003, 25 années après la parution de son dernier disque original, avec l'un des plus beaux albums de l'année selon plusieurs critiques. Des textes et des musi
ques à saveur folk rock qui sentent bon la mer et dans lesquels il met en valeur certains textes de Jacques Cartier. Au début 2007, il voit la chanson Le frigidaire être classée classique du Panthéon des auteurs compositeurs canadiens

ooooooooooOOOOOOOOOOOOO

Vous pensiez ne pas connaître Georges... Et un clic! s'est fait quand vous avez lu « à Montréal en 1970 où il écrit la chanson Le Frigidaire qui sera popularisée par Tex Lecor. ». Vous le connaissez encore mieux que vous ne le croyez... C'est encore de lui,ça...


En les ma-iant

M'sieur l'cu-i-é leu-a-dit

Une bonne épouse doit suiv-e son ma-i

Elle a comp-is

Ce que M'sieur l'cu-é lui a dit

Elle ne quitte plus son ma-i.


Elle est toujours de-iè-e,

De-iè-e, de-iè-e.

Elle a comp-is ce que

M'sieur l'cu-é lui a dit

Elle ne quitte plus son ma-i.

(...)


Pour faire un tour au pays des Îles...

jeudi, août 02, 2007

Le Quotidien.

Lire un quotidien. Une habitude? Une routine? Un rite? Et encore, après tout ça. « Son quotidien », on le choisit par une démarche inconsciente. Le choix implique une élimination. En général, nous préférerons ce qui nous conforte dans nos valeurs, dans nos idées personnelles, dans nos alignements sociaux. Ce n'est tout de même pas un acte narcissique. Jour après jour, il devient un compagnon, un animal du domestique jusqu'à savoir combien de fois, on pèle des patates par semaine. Il s' « encre », il ajoute en nous un comportement identitaire. On en partage la culture et ses dimensions. Le choix ne s'arrête pas là. Un journal, c'est beaucoup de choses. Pour abréger mon observation, mon journal, ce sont des Cahiers à thèmes, un axe, une bielle éditorialistes, des Chroniques, des joies de lire, de manger de l'info, de voir et savoir le Monde et le petit monde au quotidien.

Je lis La Presse. Je le, la lisais même du temps où j'étais en grève d'enseignement et que l'éditorialiste cassait des 2 par 4 sur le dos de ma CEQ. « Fesser sur du faible »... Maudit que ce papier me mettait le feu au foyer. « La Presse » encore, ne me laisse pas indifférent. Toutefois, il m'arrive comme à tous de remettre mes habitudes en commission parlementaire. Je continue; je modifie; j'abandonne.

Avec mon quotidien, c'est vite réglé. Je vous conte? OK. Laissez-moi quelques phrases de votre patience, j'y arrive.

Ici, tout se fait à deux, encore. Elle me dit du bout de sa cuisine, « As-tu lu Pédale? Dans le Cahier des Sports, ce matin. Manque pas son deuxième paragraphe. » Elle sait que le Cahier des Sports ne me noirci jamais les doigts. « Non! J'ouvre de suite. Je le vois. « Love-Hate ».

Je lis le morceau de Pierre Foglia comme je mange, à petite cuillère, mon yogourt du matin. Monsieur Foglia écrit souvent des « morceaux choisis ». J'aime à me rappeler la littérature obligatoire du DIP et que même, certains morceaux étaient à mémoriser du temps où ce n'était pas un exercice de coercition! Voici le deuxième paragraphe que j'apprendrais par coeur si le Département de l'instruction Publique me tapait encore sur les doigts.

(Inside. Il est question du Tour de France, à vélo, on aura saisi.)

(...)
Ce que j'aime du Tour? Les villages, les ponts fleuris, les coquelicots dans les prés, les toits en bardeaux, la lumière mouillée dans les vallées resserrées quand il vient de pleuvoir, j'aime la France du Tour, la campagne française l'été, une image achevée de la beauté et peut-être même du bonheur. Cette France-là existe sans le Tour, bien évidemment, je la connaissais avant le Tour, je la porte en moi, ce sont mes paysages intérieurs depuis toujours. (...) (Love-Hate – Pierre Foglia. La Presse Sports 29/07/2007)

Mon yogourt nature était bon; ces mots natures sont aussi goûteux. À chacun sa flore et mes habitudes seront bien gardées.

Un sujet récurent chez Foglia, le vélo, le vélo-personne, le vélo-zététique. Il roule le sujet même en hiver. Pédaler, écrire sculptent le personnage et éloignent la personne âgée.

Au moment où je mets ce billet "sous presse", il fait encore 32° C. Je ne ferai donc pas de vélo vespéral... Plutôt, je m'ouvre une Pilsner Blonde « U » suintante de l'humidité environnante. Une première gorgée. Hum... Un goût de yogourt avec un franc rappel du Périgord...