lundi, mai 07, 2007

Nicolas Sarkosy, président.

Quel bon jour cher Nicolas! Les Français se sont rendus aux urnes comme du temps du Général, le deux fois sauveur!

Ne pousserai pas la familiarité jusqu'à te dire « Chapeau, Sarko! ». Toutefois, j'aime assez ta France pour te souhaiter la réalisation de la rupture que tu annonces et non celle de Dame Royal... « Ce n'est plus avec la nostalgie d'une stratégie de rupture avec le capitalisme qu'on peut sauver les 15% de Français qui vivent dans la pauvreté et l'inquiétude », écrit l'éditorialiste Jean Daniel, du Nouvel Observateur.

Des chiffres sont implacables et justifient une rupture. En 25 ans, ta France est passée de la 7e à la 17e place dans le monde en terme de PNB par habitant. Sa croissance économique est famélique: 2%. En un quart de siècle, elle n'a jamais connu un chômage inférieur à 8%. Ce chômage atteint 20% chez les jeunes adultes, le double dans les quartiers défavorisés.

The Economiste (hebdo britanique) notait que depuis un quart de siècle, les Français maintiennent une sorte de troc avec leurs classes dirigeantes, acceptant de voter pour elles et de vivre avec une économie stagnante en échange du maintien du filet social.

Cette entente tacite semble avoir atteint ses limites. Les Français veulent du changement et te donnent, cette fois, leur confiance. Les connaissant, ils te parleront rapidement dans « la rue » pour te dire qu' "il n'y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéïenne " ( * )

« La rue », cette rue qui, depuis plusieurs années, décide ultimement de tout. Cette rue en forme de carrefour de tous les corporatismes, muée en « machine à dire non » raille-t-on. Cette rue des banlieues où un mélange de pauvreté, d'abandon et de malaise identitaire constitue un mélange explosif... Du fort 46% des Français qui n'ont pas tes lunettes, une masse glissera dans « la rue » à tout occasion...

Il te faudra beaucoup d'appuis; beaucoup de respect, d'ouverture, de tact, de calme... qualités que tu as déjà manifestées et qui ont scellé ta victoire lors du débat télévisé.

« La rue » t'attend. Un face à face...

Ta tâche. Réduire la dette; mettre au rebut la semaine de 35 heures; détricoter le filet social français; créer ce controversé ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale sans provoquer d'explosion sociale.

Par amour de ta France, je te souhaite un appui sans équivoque aux élections législatives qui viennent dans un mois. Le principe de démocratie demande aux Socialistes de prendre acte et de t'accepter comme « état de fait ». On verra bien.

(Mes réflexions sont largement puisées dans une analyse d'Agnès Gruda et dans un édito de Mario Roy.)

- - - - - -

(*)

Signification de l'expression.
Après les honneurs ou la célébrité, la déchéance ou l'oubli peuvent venir rapidement.

Origine de l'expression.
Ceux qui ont bien connu Romulus et Rémus savent que Rome a été bâtie sur 7 collines.
C'est sur la plus petite d'entre elles, le Capitole , qu'a été construit un temple consacré à Jupiter, Junon et Minerve, haut lieu de l'Antiquité romaine et symbole de puissance et d'honneur.
Ainsi, suite à une grande victoire, un général pouvait obtenir la récompense suprême et être autorisé par le Sénat, au cours d'une grande cérémonie, à mener son char du Champ de Mars jusqu'au temple de Jupiter, au sommet du Capitole.

Mais c'est sur un versant de cette même colline, donc à faible distance, que se trouvait la Roche Tarpéienne, lieu d'où les condamnés à mort étaient précipités dans le vide.

Cette expression semble être une référence à l'aventure de Marcus Manlius Capitolinus, membre d'une importante famille romaine, qui, en 390 avant J.C., alors qu'il habitait une maison située sur le Capitole, entendit le cri des oies consacrées au culte de Junon, et, après avoir donné l'alerte et avec l'aide des soldats romains, repoussa l'assaut des Gaulois de Brennus qui avaient pris la ville et assiégeaient la colline.
Une fois le siège terminé, les soldats de Camille ayant défait les Gaulois, Manlius fut couvert d'honneurs. Mais peu de temps après il fut accusé de soutenir les revendications des pauvres et fut jeté de la Roche Tarpeïenne.

Cette expression est donc une image destinée à montrer que, des honneurs dont on pouvait être couvert au Capitole, il pouvait n'y avoir que quelques pas pour arriver à la déchéance symbolisée par ce lieu de mort qu'était la Roche Tarpéïenne.

(Une fois par jour, je m'instruis d'une expression bien française. Il n'en tient qu'à vous d'être aussi surpris que moi. Abonnez-vous à Expressio.)

Lucie et moi sommes bien contents d'être à nouveau près du fleuve et moi particulièrement près de vous.

Jacques duFleuve


0 Commentaires: