mercredi, avril 21, 2010

Je hais l'islam; je hais les imams du creuset de mahohohomet.

«Une femme libre, les scandalise! » Kateb Yacine, par Djemila Benhabib, auteure, Avril 2010

J’ai frémi de douleurs lorsque j’ai appris l’horreur dont sont victimes des femmes travailleuses à Hassi Messaoud. Une fois la nuit tombée, des dizaines de lâches armés jusqu’aux dents se sont transformés en justiciers de l’ordre moral, en traquant des travailleuses jusque dans leurs modestes logements pour marquer leur chair du sceau de l’infamie et leur infliger les pires sévices. Singulièrement, pour m’extraire du choc que je venais de subir par cette lugubre nouvelle, Kateb Yacine est venu à ma rescousse pour me dire : «Une femme libre, les scandalise! ».

Lorsque la ville sombre dans le noir, une pluie de malédictions s’abat sur ces travailleuses venues des quatre coins du pays pour gagner leur pain. Soutiens de famille pour la plupart, elles ont renoncé à leur milieu de vie habituel pour parcourir des centaines de kilomètres et  nourrir plusieurs bouches. Leurs gîtes ont été saccagés et leurs effets personnels volés et, comme si cela ne suffisait pas, les viols et les tortures se sont multipliés  et banalisés sans que cela n’ébranle, outre mesure, les services de police complices de ces atrocités.

Qu’arrive-il à cette ville, l’une des plus sécurisées du pays où se bousculent les compagnies pétrolières étrangères? La ruée vers l’or noir obscurcit-elle tant les esprits? Que se passe-t-il dans cet îlot orangé du Sahara où poussent le laurier-rose et l’eucalyptus et qui fait courir les touristes européens friands de méditation, de nuits étoilées et de thé vert? L’histoire retiendra qu’à l’ombre de l’oasis où les torchères crachent leurs volutes de fumée vers le ciel et où le dollar est roi, coule le sang des femmes, témoins d’un âge qu’on pensait révolu.

Les corps de ces travailleuses porteront, pour toujours, à tout jamais, les stigmates de ces nuits rythmées de leurs cris de souffrance. Saigner les travailleuses et ouvrir grands les bras aux compagnies étrangères pour pomper les richesses du pays, est-ce la conception du développement économique version 2010? Hassi-Messaoud aurait pu devenir une source folle d’espérance, elle qui a su transformer cette terre ingrate en symbole de richesse. Et pourtant le miracle n’est que mirage. Qu’est-ce que la richesse d’un pays lorsqu’elle se bâtit sur la douleur des femmes ? (source. Suite)

1 Commentaire:

Anonyme a ?crit...

Une voix de plus qu'il faut écouter.

Accent Grave