Êtes-vous d'opinion que la chasse aux phoques est un massacre?
« J'ai pris un porte-clés-fourrure de phoque, je l'ai déposé dans une enveloppe. Sur l'enveloppe, j'ai écrit: Sea Shepherd Conservation Society, P.O. Box 2616, Friday Harbor, WA 98 250 USA. Dans l'enveloppe, j'ai mis une petite note. J'ai écrit quatre mots: Phoque you, Paul Watson. »
Certains comportements envers les animaux d'abattoir ont été récemment montrés à la télévision. Avec empathie, les cris d'horreur ont couvert les beuglements des animaux.
Une fois ou deux par année, des éleveurs de chiens font face à l'indignation populaire. Des cultures mènent à l'habitude de la cruauté envers les animaux. J'ai regardé quelques vidéos de ces horreurs «quotidiennes »...
Horreur un. ... Horreur deux.
En suggérant leur visionnement, ai-je la volonté consciente d'entretenir des préjugés très défavorables envers des « races »? Je ne suis pas capable de comparer ces scènes avec la chasse aux phoques. Pas plus que je vois toutes ou des cultures persister dans le massacre conscient. Non, les hommes ne sont pas tous pareils. Leur culture les différencie, pas la race.
Les propos de Paul Watson « la mort de quatre pêcheurs était une tragédie, mais que celle des phoques, dans la saison de chasse, en est une plus grande encore » bouleversent, même venant d'un extrémiste. Comme si j'inversais les propos de Watson pour affirmer que l'habitude de massacrer des animaux désensibilise au point d'être capable de franchir le pas et d'être tortionnaire envers ses semblables.
La répression tibétaine, l'emprisonnement de journalistes, Hu Jia, l'une des voix les plus critiques du régime communiste chinois, une seconde fois emprisonné, Internet filtré (Radio-Canada.com ne passe pas en Chine!) et la répression chinoise en tout genre, semblent peser bien peu dans la culture n'interdisant pas la cruauté envers l'animal nourricier.
La chasse aux phoques aux Îles-de-la-Madeleine est un élément culturel. J'ai passé du temps sur ces îles. Assez longtemps pour que mes sens apprennent la mer et perçoivent le lien qu'elle tisse avec les hommes. Je suis « entré » dans des familles, dont une famille éprouvée, les Aucoin de Pointe-aux-Loups. Ces gens sont de ce pays... Loin des massacres.
Ce midi, la TV nous transmettait la cérémonie religieuse de l'église Saint-Pierre de Lavernière, Cap-aux-Meules, construite en 1876. Il s'agit de la deuxième plus grande église en bois d'Amérique du Nord. Construite avec du bois de naufrage, frappée par la foudre et reconstruite plusieurs fois, elle est classée monument historique depuis1992.
J'aime beaucoup visiter, avec déférence, les monuments des hommes. J'ai reconnu l'intérieur ouvré. Le goûteux de l'air salin plus que de l'encens sur charbon m'a remis en ces lieux.
L'émotion habillait tout. Les personnes viennent au choeur s'adresser à la nef pleine avec des mots hésitants et choisis pour décrire la déferlante envahissant les Îles. Le curé bon-gars fait aussi de son mieux pour être des Îles. Au moment où il en sort pour ajouter à l'inondation par des paroles creuses prononcées mille fois dans les mille églises du Québec dans des obsèques marron claires, je me démarque. « La mort n'est qu'une étape. » Vibrant de sensibilité, non? Combien de curés j'aurais à taper?
Je ne suis pas un curé et surtout, pas plus fin qu'un curé. Ce qui m'en éloigne, c'est le dirigisme, l'étapisme, le jusqu'auboutisme. M'sieu curé sait, lui, où sont rendus les 4 chasseurs de phoques. Il connaît toutes les étapes. -- Je me vois pousser un peu ce bon curé... Il me dira, me répétera l'Écrit révélé, « que ces quatre marins-chasseurs sont là où 80 blanchons pour chacun, tendent leur museau au « bâton sacrificiel »! Le paradis pour tout chasseur, un pied sur la banquise et l'autre dans l'eau-de-là.
Je m'imagine curé d'un jour. Le jour où quatre pères de famille des Îles n'entrent plus DÉFINITIVEMENT aux Îles. Les Madeleines pleurent et pas juste au passage du Christ. Les Îles sont inondées par la crue des larmes. Aucun enfant ne pense qu'un congé du vendredi, c'est super. La clinique médical n'a pas d'attente. Ici, on vit un moment où l'heure des marées se fait oublier. Le temps suspend son envol. Les Îles sont dans la défaite. La journée compte minus four!
Je m'imagine curé d'un jour comme celui-là. Il me faut plus fort que moi. Des mots qui n'arrêtent pas le vent à la porte. Des mots qui ne cherchent pas à réconforter. Des mots sans vocation. Des paroles de poète qui sont là, dans un puits. On n'a qu'à y descendre sa tasse. Et boire à désensibiliser just'un peu sa peine. Pour just'un mieux-être, la vraie peine étant maintenant de nos biens. Savoir que maintenant, l'espérance de vivre heureux aura dans sa besace le poids d'une absence.
Préparant ma prêche, j'ai, je crois trouvé un mot juste. Une liberté où tous peuvent y trouver une interprétation-réconfort. Du genre pas long. Un petit linge absorbant, à peine, la sueur d'une peine. Un mieux-être.
C'est beau la vie,
comme un nœud dans le bois
C'est bon la vie,
bue au creux de ta main
Fragile aussi,
même celle du roi
C'est dur la vie,
vous me comprenez bien.
C'est beau l'amour,
tu l'as écrit sur moi
C'est bon l'amour
quand tes mains le déploient
C'est lourd l'amour
accroché à nos reins
C'est court l'amour
et ça ne comprend rien.
C'est fou la mort,
plus méchant que le vent
C'est sourd la mort,
comme un mort sur un banc
C'est noir la mort
et ça passe en riant
(Lecteur, vas jusqu'au bout. Visionne tout ce qui est suggéré.)