dimanche, juin 21, 2009

De Ali Khamenei et du Saint-Office,

Durant sa prêche de vendredi, Ali Khamenei, le gros ayatollah, ce guide coiffé de superbe, dit aux millions d'Irakiens dans la rue « C'est pas beau ce que vous faites. Rentrez chez vous. Sinon... ». À l'instant de sa prêche, 20 journalistes étaient déjà au trou. Une démocratie qui emprisonnent les journalistes...

Quand j'ai entendu ces paroles d'un pouvoir dictatorial, un flash historique m'est revenu. Un parallèle est à faire.

2009 moins 1633... Ça fait 376 ans, aujourd'hui, que l'ignorance corporatiste a fait taire Galilée. Faut pas tirer sur le Pape du temps. À lire sur l'époque, j'ai senti qu'Urbain, le huitième à s'urbaniser, était homme de connaissance. Aurait-il troqué sa blanche soutane pour acquérir un télescope fait main de Galilée? Mon rêve me dit que oui. La 'mécréance dictatoriale' venait d'ailleurs. Du Saint-Office, successeur en ligne directe de l'inquisition médiévale. Peste puisqu'il faut bien la nommer: PESTE. Institution fort probablement louable au niveau des intentions de départ, mais dont l'évolution avait échappée à tout ce qui était civilisé, urbanisé, papauté, d'une quelconque ouverture aux droits individuels.

Je ne connais pas de dieu qui ne veut des genoux meurtris et pire sacrifice encore. L'existence d'un état islamique y a ses sources. L'homme qui se dit le représentant d'un dieu, n'a que faire des libertés individuelles. La démocratie n'a pas d'avenir entre ses mains; elle est sans fondement. Un dictateur s'impose par la force et les filouteries. Force est de constater.

Le 22 juin 1633, au couvent dominicain de Santa-Maria, la sentence est rendue : Galilée est condamné à la prison à vie (peine immédiatement commuée en résidence à vie par Urbain VIII) et l'ouvrage est interdit. Il prononce également la formule d'abjuration que le Saint-Office avait préparée :

« Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint Office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la terre n'est pas le centre, et se meut. [...][5] »

Le fameux aparté attribué à Galilée E pur si muove! (ou Eppur si muove - « Et pourtant elle tourne ») est probablement apocryphe[6].

Le texte de la sentence est diffusé largement : à Rome le 2 juillet, le 12 août à Florence. La nouvelle arrive en Allemagne fin août, en Belgique en septembre. Les décrets du Saint-Office ne seront jamais publiés en France, mais, prudemment et pour éviter la controverse, René Descartes renonce à faire paraître son traité du monde et de la lumière.

Beaucoup (y compris Descartes), à l'époque, pensèrent que Galilée était la victime d'une cabale des Jésuites qui se vengeaient ainsi de l'affront subi par Horatio Grassi dans le Saggiatore.

Les positions du théologien liégeois Libert Froidmont (de l'Université de Louvain) éclairent bien toute l'équivoque de la condamnation de Galilée.

En conclusion, j'avance que la peur de connaître, d'encourager la science, le développement de l'homme est le même sentiment quand on craint les libertés individuelles, l'expression démocratique, quand on craint de placer sa vie terrestre au-dessus de tout principe.

4 Commentaires:

Jean Trudeau a ?crit...

«...quand on craint de placer sa vie terrestre au-dessus de tout principe. »

SA vie ou LA vie? LA vie : j'endosse ta conclusion. SA vie : j'inscris ma dissidence. L'égocentrisme humain est à l'origine des pires débordements et menace notre planète bien plus que la théologie...

Florian Jutras a ?crit...

Que de sagesse! On la trouve même dans les deux termes de l'apparente opposition ou dissidence. Il est vrai, pourtant je ne veux pas pontifier à mon tour, ceux qui l'ont fait ont si mal à la honte, il est vrai, dis-je, que l'égocentrisme humain et l'égocentrisme divin aussi, surtout s'ils se combinent ou se complicitent ont causé beaucoup de tort et à notre planète et surtout à notre égo "sa vie". Cependant, distinguo, les contraires s'attirent et un éminent père de l'Église, je dis éminent parce qu'avant-guardiste il a pensé comme moi un jour, avant moi, s. Irénée a dit. en latin naturellemenet, GLORIA DEI HOMO VIVENS, et je ne suis pas sûr, loin de là, et absolument sûr du contraire, que notre éminence parle ici de l'humanité. Il parle de toi et de moi, de l'homme en chair et en os, le seul qui existe. Pousse ta vie jusqu'au bout de la terre et tu verras que même si elle tourne (la terre), elle a une limite, elle n'existe pas pour elle-même, mais pour qui? pour l'homme, toi et moi. "C'est le temps que tu accordes à ta rose qui la rend importante à tes yeux." (À pêu près St-Ex.)
Y comprenez-vous quelque chose dans cette ratio ratiocinante à la Moyen-Âge? Moi pas!

Florian

Quidam duFleuve a ?crit...

Ratiociner. Un beau mot que tu m'apprends, Florian. Je vais certainement chercher, un jour, à le pluguer. Pour en saisir le sens, j'ai cherché une citation-utilisation. Voici celle que j'ai trouvée.

http://books.google.ca/books?id=OT2BVL8gClQC&lpg=PA141&ots=X6TF9Bz5Zy&dq=ratio%20ratiocinante&hl=fr&pg=PA141

Encore...
http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=LEPH_022_0145

Ouf!

Florian Jutras a ?crit...

Le fouineur fouille dans mon sous-sol. Je crois que mon subconscient a numérisé cette expression quand en 1956 env, je prenais durant les vacances des cours de philosophie très thomiste à l,université très péripatéticienne de Laval.
Je ne me souviens jamais utilisée auparavant et quand je l'ai sortie ou qu'elle est sortie ainsi toute nue sous l'effet de ma frappe je ene savais pas si elle existait vraiment. J'ai été trop lâche pour vérifier. Merci de l'avoir fait pour moi et je suis estomaqué de la vigilance de la ratio même somnolente depuis des années. Nous arrvons presque à copier les ordi en efficacité. Ce n'est pas peu dire!

Florian