mercredi, août 26, 2009

Non à "Je hais l'Islam"

Je hais l'Islam!?
Je crains plus les retombées de cette charge contre l’Islam, qui de ce temps occupe nos courriels et nos ondes, comme autrefois les armées occupaient les plaines, encerclaient les villes, créaient des embargos… que la supposée volonté de l’Islam d’occuper et de dominer le paysage et la culture en terre d’Occident.
Il est vrai que le terrorisme existe et qu’il est en grande partie accroché au charriot d’une certaine faction de l’Islam. Il est vrai, peut-être aussi, que les pays dirigés par l’Islam ou sous grande influence de cette religion ont tous les travers des gouvernements idéologiques.
Récemment le nazisme nous a montré jusqu'à quels excès de l’horreur, des abus et de la violence ce type de régime pouvait aller. Oh Dieu! ou oh dieux! que de crimes on a commis votre nom! Pas seulement les disciples de Mahomet, ceux du Christ aussi.
Les régimes de Staline, Mao et Hitler évoquent des souvenirs qui nourrissent nos peurs. Et cette levée de boucliers contre l’Islam s’explique en grande partie par la peur. Et la peur est mauvaise conseillère, nous répète-t-on souvent.
Et la peur crispe. Surtout la peur orchestrée par un pouvoir qui se sent menacé. Et la crispation bloque toute action ordonnée, raisonnable.La réaction de certains groupes et d’une certaine ligne de pensée devant les accommodements raisonnables c’est de gommer tout ce qui peut être raisonnable et de rendre cette expression synonyme de lâcheté, de pleutrerie. Alors on ferme les enceintes, on se barricade et on s’invective de part et d’autre.
Au lieu d’aider à l’émancipation des femmes musulmanes, on décrie leur culture, on la compare à la nôtre à la fois pour gonfler notre suffisance et pour mieux les dénigrer et mieux les dominer.C’est cette attitude revancharde et dominatrice que je récuse.
Jamais je ne signerai le manifeste de Wafa Sultan.
Je ne partage pas non plus les propos applaudis d’affirmation de ses droits face aux émigrants et d’exigence d’une soumission absolue à nos us et coutumes, que ces propos viennent du Président de la France ou de quelque sommité qui conditionnent leur attitude et alignent leurs mots à leur quête de vote.
Pourquoi?
Parce que cette attitude ne mène nulle part. Elle nous a coûté beaucoup de vies et a failli nous coûter nos libertés les plus fondamentales en 1939. La confrontation et la guerre ne conduisent qu’à la destruction et à la mort.
La force du Québec pour aujourd’hui et demain ne peut venir de l’affirmation nationale d’un petit groupe sur un autre, fut-elle fondée en droit.
Le défi des temps nouveaux ne peut se relever que par la plus grande cohésion possible de toutes les forces vives d’une société.
Pourquoi je ne souscris pas à cette charge orchestrée ou pas contre l’Islam? Si les confrontations des mâles Wapiti jusqu’à s’écorner ont pour fonction de maintenir et d’accroître la vigueur de la race, il n’en est pas de même pour l’homme. Le rameau humain qui a émergé du tronc des primates n’a pas survécu par la force de ses cornes ni la menace de ses dents mais bien par l’astuce de son intelligence.
Il en fut de même à tous les paliers importants de son histoire. De la cueillette à l’agriculture, à la formation des Cités-états et des empires, à la création d’économies internationales, c’est toujours l’astuce de l’intelligence à composer les compromis et à agglutiner les cohésions qui a été la source du mieux-être et des plus grandes libertés pour l’homme.
Une campagne de haine vis-à-vis de l’Islam ou de tout autre regroupement est un retour à l’ère tribale où on risquait sa survie dans l’extermination de l’autre.
Toute société fondée sur une communauté de sang, qu’il soit ancestral, patriarcal ou divin, Bourbon ou Habsbourg, blanc ou noir, de l’Orient ou de l’Occident, est vouée à l’extinction ou à l’extermination réciproques. Les sociétés agraires, même matriarcales ont connu ce cul de sac.
Heureusement que les Hittites et bien d’autres à leur suite sont venus. Ils ont eu l’intelligence de mettre fin aux exterminations stériles et de pratiquer en lieu et place, les traités qui respectaient et les dieux et les cultures locales et les tributs qui accroissaient leur confort.
Sans cette intelligence pratico-pratique, certains grands singes parleraient aujourd’hui de l’espèce humaine comme une espèce en voie de disparition.
L’Occident est peut-être menacé par l’Islam. Cette menace devient beaucoup plus imminente et réelle si nous la nourrissons par des puériles oppositions qui allument partout des foyers de ghettos.
Les mosquées ne menacent pas notre confort ni nos églises. Par la force d’osmose de notre civilisation, les mosquées connaîtront sûrement la même dégradation de leurs murs et de leurs pouvoirs qu’ont connue nos propres églises.
Notre civilisation du XXIe siècle qui grappille avec la voracité des mites nos lainages ancestraux aura plus vite raison des hijabs tissés serrés que toutes nos protestations orchestrées à la suite de Wafa Sultan.
Les femmes musulmanes du Québec épouseront plus rapidement nos droits et libertés si nous leur donnons la main que si nous leur imposons notre culture.
Bonum sui diffusivum est!
Si vis pacem, para pacem!
Florian

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