samedi, mai 29, 2010

Lettre ouverte au Cardinal Ouellet

Criminelles ?
Lettre ouverte au Cardinal Ouellet

(Reçue par courriel, aujourd'hui. Merci Yves. Merci Gilles. Il ne faut pas que cet écrit du coeur s'empile dans ma boîte aux lettres...)


Montréal-Nord, 17 mai 2010

Monsieur le Cardinal Marc Ouellet,

Je ne peux me taire devant le discours que vous avez prononcé, ces jours derniers, au rassemblement « pro-vie » dans lequel vous déclarez « criminelles » les femmes qui se font avorter.  Ce sont pour moi des paroles odieuses. Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ce que je ressens en moi : indignation, colère… Je travaille chaque jour auprès de femmes en prison, en leur apportant le message de l’Évangile. Tout ce débat autour de l’avortement passe complètement à côté de la triste et inconcevable réalité de ces femmes enceintes.  M. le Cardinal, il ne s’agit pas, certainement pas de « criminelles » comme vous le dites, mais de femmes en profonde détresse…  Avez-vous seulement déjà daigné vous approcher d’une de ces femmes pour « écouter » ce qu’elles vivent dans leur réalité de tous les jours, loin des grands discours ?

M. le Cardinal, une femme qui porte en elle un fœtus est une femme qui aime son enfant et aucune ne se fait avorter par plaisir, mais parce que sans aide, sans appui pour vivre cette grossesse, elle prend difficilement une décision…  quand ce n’est pas sous les menaces de la famille ou d’autres personnes!  Ça fait vingt ans que je côtoie des femmes en détresse.  Ignorez-vous, M. le Cardinal, qu’une femme ne devient pas enceinte par l’action du Saint-Esprit, mais bien par l’action d’un mâle, d’un homme?  Quand dans la société et dans l’Église hiérarchique a-t-on demandé à un homme d’honorer sa responsabilité?  Quand il y a fœtus, il y a deux adultes responsables…  savez-vous compter jusqu’à deux?  Pourquoi la femme qui se fait avorter est-elle plus criminelle que l’homme qui, si souvent, se sauve lâchement en laissant la femme seule avec tout le poids de la responsabilité?  Quelle hypocrisie de la part de la société et de la part de la hiérarchie de l’Église de se rabattre durement sur une femme en détresse plutôt que faire l’effort de rendre un homme responsable de ses gestes.  On condamne une femme qui subit un viol et on laisse le violeur irresponsable courir au large aller violer d’autres femmes.  Avez-vous déjà, une seule fois, tendu la main à une de ces femmes?  Jésus dans l’Évangile a toujours tendu la main aux femmes qu’Il a rencontrées…  et elles n’étaient pas en train de prier dans une église.  Jésus n’avait pas de crosse dans les mains pour en asséner des coups au nom d’une « supposée morale » aux femmes « non conformes » aux normes, c’est pourquoi il avait les mains libres pour leur tendre la main au nom de l’Amour.

Quelle hypocrisie ecclésiale, quelle prétendue morale : condamner des personnes, dont on ne s’est même jamais donné la peine d’écouter la souffrance, au lieu d’avoir le cœur et les bras ouverts pour accueillir avec Amour celles qui en ont le plus grand besoin!  Allez lire l’Évangile, c’est urgent, vous qui prétendez parler au « Nom de Dieu ».  Le Dieu de Jésus-Christ ne peut que se sentir trahi par votre attitude hautaine, sans compassion, sans justice véritable, sans Amour.

Je ne sais si je vous manque de respect en écrivant ces mots, mais c’est ce que ressent mon cœur qui a un infini respect pour toutes ces femmes que vous condamnez si allégrement.  Jésus dans l’Évangile ne condamne qu’une seule catégorie de personnes…  et ce ne sont pas des femmes, mais l’élite religieuse de son époque en leur disant : « Hypocrites, vous chargez les gens de fardeaux accablants et ne touchez pas vous-mêmes, d’un seul de vos doigts, à ces fardeaux ».  (Lc 11, 45-46)

Je ne suis pas en faveur de l’avortement, mais c’est la seule aide que la société donne à ces femmes et vous voulez la leur enlever sans la remplacer par quelque chose de plus humain et respectueux de la Vie, la vraie Vie.  L’avortement n’est pas une vraie solution, car après, la femme continue à porter son lourd fardeau et personne n’est là pour l’aider.

Impliquez-vous de façon adéquate et avec Amour auprès de ces femmes et votre discours ne sera plus le même, et surtout il sera beaucoup plus crédible.  Je vous invite à la « conversion du cœur »!

Marguerite Rivard, v.c.f.



Félicitations à Sœur Marguerite Rivard, la candidate au prix Taylor 2009 de la région du Québec.

Sœur Marguerite est une femme de cœur, prémunie d’un don de soi sans borne. Cette grande dame a su depuis l’âge de 16 ans qu’elle se destinerait à la vie religieuse. Elle prit cette décision froidement « par générosité pour Dieu ».

(Source, et suite du texte, un peu plus bas dans la page d'ouverture.)

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4 Commentaires:

Jean Trudeau a ?crit...

Dans le mille :
« Ignorez-vous, M. le Cardinal, qu’une femme ne devient pas enceinte par l’action du Saint-Esprit, mais bien par l’action d’un mâle, d’un homme? Quand dans la société et dans l’Église hiérarchique a-t-on demandé à un homme d’honorer sa responsabilité? Quand il y a fœtus, il y a deux adultes responsables… savez-vous compter jusqu’à deux? Pourquoi la femme qui se fait avorter est-elle plus criminelle que l’homme qui, si souvent, se sauve lâchement en laissant la femme seule avec tout le poids de la responsabilité? Quelle hypocrisie de la part de la société et de la part de la hiérarchie de l’Église de se rabattre durement sur une femme en détresse plutôt que faire l’effort de rendre un homme responsable de ses gestes. On condamne une femme qui subit un viol et on laisse le violeur irresponsable courir au large aller violer d’autres femmes. »

Et n'est-ce pas cette même hypocrisie qui fait les mâles québécois s'écrier en choeur : Haro sur le cardinal Ouellet! Il ne fait pourtant que rappeler la première loi naturelle : le droit à la vie.

Anonyme a ?crit...

Merci!!!

Merci Soeur Marguerite Rivard pour votre grande compassion & sollicitude.

Merci pour cette lettre qui nous touche droit au coeur. C'est vrai que l'avortement ne ce fait pas sans souffrance mais je crois sincèrement que c'est un acte responsable de la part des femmes.

À ceux qui condamne je leurs dirais avez-vous déjà
rencontrer une femme qui a été violé, agressé. Connaissez-vous le poid de la souffrance qu'elle porte en elles? Donner naissance à un enfant issu du viol est un non-sens.

Bien sur il n'y a pas que des situations extrêmes, il y aussi le manque de présence, de soutien & de responsabilité réciproque.

Merci pour vos mots!!!

Anonyme a ?crit...

Merci pour votre lettre Soeur Marguerite.
Merci pour votre courage.

Je me suis toujours demandé pourquoi, que dans l'Église, l'on parlait toujours de la femme adultère et jamais de l'homme adultère.

Le viol est un crime odieux et je trouve que, pour qu'il y est justice, la femme a le droit d'être avortée et l'homme devrait être sévèrement puni et castré.

Pendant les guerres,l'Église permettait aux soldats de tuer hommes, femmes et enfants. Ce qui, d'après-moi est bien pire qu'un avortement.

Merci encore Soeur Gertrude pour
votre dévouement.

Maurice Roberge a ?crit...

Um débat, ce n'est pas un confessionnal.

Les personnes qui font la promotion de l'avortement sont-elles toutes en détresse ? J'en doute...