L'aurore et ses martyres
L'entrée scolaire... ( C'est la rentrée. Tout le monde attend devant l'entrée. ) Rapidement, je remonte à ma première. J'entends d'abord la voix douce, chaude, présente, sans accent aigu du « bon frère Omer ». Le premier Frère du Sacré-Coeur de ma vie! Il ne me faisait pas peur, même tout de noir! Collège Roussin, 1949. Dix-huit ans plus tard, j'y ferai une autre rentrée scolaire; cette fois, à titre de titulaire d'une classe de grands.
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Omer a été un spécialiste de la petite enfance. Sa classe était au rez de chaussé, coin sud. De grandes fenêtres, pas comme chez-nous, montraient la rue Notre-Dame, l'Église St-Enfant-Jésus et un chemin invitant au bord du fleuve... (C'est pas d'hier que...) À la cloche de la récréation de l'avant-midi, dans des gestes bien ordonnés, bien orchestrés, Omer prenait la grosse pomme du coin de son bureau. Ce qu'elle me semblait rouge et bonne, la grosse pomme du Frère Chanceux. Même que ma mère me chargeait parfois de lui apporter son fruit de paradis. D'un mouvement précautionneux, il nous dirigeait, en rang, aux toilettes et jusqu'à la sortie puis, l'éparpillement général en notes d'oiseaux de basse-court. Et là, parmi ses petits, le bon frère sortait un canif en âge d'une poche aussi profonde que la longueur de son bras, l'ouvrait sans peur de se couper et pelait sa bonne pomme... Il pratiquait la technique du pelage sans rupture! Émerveillement attendu dans le regard des tout-petits. Ses yeux, son sifflet, un geste de la main étaient nos clôtures dans cet immense terrain de baseball qui étendait son sol poussiéreux jusqu'aux rails formellement interdits. C'est une l'image qu'il me reste du CPE « omérique ».
Là où j'en suis en âge, je penche à me « statistiquer »! J'ai participé à 50 rentrées scolaires... J'étais pour avoir 43 ans quand j'ai laissé définitivement le banc de l'étudiant. Cette dernière sortie scolaire, en tant qu'étudiant, avait été enseignée par un philosophe belge dont le nom m'échappe mais non pas le titre de son cours: « analyse conceptuelle ». Ce brasse-neurones avait été une généreuse gâterie pour un mathématicien! J'avais réellement commencé à aimer la gymnastique intellectuelle au contact du Grand Maurice Desrochers (résident de Repentigny) et ses présentations d'algèbre et des travaux euclidiens. C.Q.F.D.
Maintenant, en ce vendredi après-midi, je pense à tous ces élèves, ces enseignants qui regardent fréquemment la cloche se traînant les aiguilles à pas de limace pour annoncer enfin le début de leur première fin de semaine...
En moins de temps qu'ils n'en imaginent maintenant, lundi-matin-tôt arrivera avec violence, cruauté et tyrannie. Comme encrier, l'inexorable de la vie, ils écriront une autre belle page de l'émotif roman « L'aurore et ses martyres ».
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Une suite vous est promise. Le maire de Ste-Marceline y participera!
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