dimanche, novembre 23, 2008

Demandez-vous belle jeunesse

Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps de souffle d'un soupir (Jacques Brel)


J'apprécie, sans amour, me remémorer des pans, en apprendre un peu plus chaque fois sur ces pans, lorsque l'occasion se présente à ma conscience d'homme, de ces pans dis-je, de l'Histoire où l'homme vit de haine pour l'homme, ses motivations étant diverses. Pour dissiper la brume de cette mise en situation, je passe aux exemples.

___ L'hiver dernier, en Syrie, j'ai arpenté des châteaux-forteresses en ruines érigés par les « Croisés »... Ce que j'ai appris sur ces bandits-assassins-maîtres-d'esclaves de grands et de très grands chemins, ne s'ajuste en rien à l'image idyllique des beaux contes prêchés du pape Urbain II ou de Richard Coeur-de-Lion! -- "Mais ceux-là, mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici et tuez-les devant moi." — Luc 19:27

___ La réalisation actuelle de Dubaï m'est un écoeurement total par son exemple de concentrations des capitaux au plus haut mépris des dépossédés par le capitalisme sauvage. --- Pour entretenir ce faux sourire que je tente de vous dessiner, vous pourriez « relire » la parabole de la mine de Luc 19:11-27


___ Le jour du coquelicot-souvenir est tout juste fané. Il y a 80 ans, il en restait moins à haïr; on mit fin à la guerre. La Grande guerre. Premier conflit majeur de l'ère contemporaine, la Grande guerre de 1914-1918, à laquelle ont participé 19 nations (sans compter leurs colonies), a fait près de dix millions de morts et vingt millions de blessés. L'élément déclencheur? - 28 juin: acte fondateur du conflit, l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand de Habsbourg à Sarajevo par un étudiant nationaliste serbe entraîne un mois plus tard la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie à la Serbie. Le jeu des alliances entre puissances va faire basculer le monde dans un conflit sans précédent. Puis ce fut l'assassinat de
Jean Jaurès (et paroles) à Paris, le 31 juillet.

___ Tout dernièrement, j'écrivais le billet «
La Nuit de cristal », me remémorant l'Histoire terrible. Encore, il me fallait en apprendre sur l'événement-mort. Avant de rapporter le livre à la biblio, j'extrais de « Le rapport de Brodeck » (Philippe Claudel – Prix Goncourt des lycéens 2007, pp 250-251), pour partager simplement.

(...)

Moi, je ne demandais pas grand-chose. J'aurais aimé ne jamais quitter le
village. Les montagnes, les bois, nos rivières, tout cela m'aurait suffi. J'aurais aimé être tenu loin de la rumeur du monde, mais autour de moi bien des peuples se sont entretués. Bien des pays sont morts et ne sont plus que des noms dans les livres d'Histoire. Certains en ont dévore d'autres, les ont éventrés, violés, souillés. Et ce qui est juste n'a pas toujours triomphé de ce qui est sale.


Pourquoi ai-je dû, comme des milliers d'autres hommes, porter une
croix que je n'avais pas choisie, endurer un calvaire qui n'était pas fait pour
mes épaules et qui ne me concernait pas? Qui a donc décidé de venir fouiller mon obscure existence, de déterrer ma maigre tranquillité, mon anonymat gris, pour me lancer comme une boule folle et minuscule dans un immense jeu de quilles.? Dieu ? Mais alors, s'll existe, s'll existe vraiment, qu'll se cache. Qu'll pose Ses deux mains sur Sa tête, et qu'Il la courbe. Peut-être, comme nous l'apprenait jadis Peiper, que beaucoup d'hommes ne sont pas dignes de Lui, mais aujourd'hui je sais aussi qu'll n'est pas digne de la plupart d' entre nous, et que si la créature a pu engendrer l'horreur c'est uniquement parce que son Créateur lui en a soufflé la recette.

(...)

Coudon, "je donne mon avis non comme bon mais comme mien." (Montaigne)

1 Commentaire:

Florian Jutras a ?crit...

Jacques, tes pans d'histoire assaisonnés de ton gros sel ont le goût souvent amer de la vérité. Amers à notre bouche mais bons à notre ventre, ils nous aident à digérer nos plats d'humanité souvent mal assaisonnés.

Florian