vendredi, janvier 18, 2008

L'école tranquillisante

C'en est trop. Il faut que j'ajoute mon grain de sel.

Mais quel méli-mélo! Ou quel mélo tout court! Vous rendez-vous compte qu'avec l'implantation du programme Éthique et culture religieuse, on est en train de faire de l'école québécoise (primaire et secondaire) un milieu complètement inepte! D'en évacuer tout ce qui pourrait risquer d'être le moindrement contesté!

L'histoire de l'Histoire à l'école se répète : pour éviter les querelles sur fonds de préjugés historiques -- souvent liés à l'ignorance --, on a évacué une bonne partie de notre histoire des programmes. (On en a peu fait état, mais la littérature québécoise a plus ou moins subi le même sort en étant remplacée par des écrits «accessibles».) Le monstre patriotique et nationaliste est maintenant maté : vive le Québécois tranquille grand ouvert au monde et sur le monde.

Et maintenant, pour éviter les querelles sur fonds de préjugés religieux, on fait de même pour l'enseignement religieux! Mieux encore, on fait d'une pierre deux coups : on évacue le dernier 'pouvoir' qu'avaient encore les parents sur l'école (choisir entre enseignement religieux et enseignement moral) et on élimine tout ce qui pourrait ressembler à de la spiritualité. C'est tellement ni productif ni rentable, la spiritualité. Vive le Québécois tranquille inassouvi tourné vers le terre à terre, grand ouvert sur et à la consommation durable.

Vive l'école tranquillisante!

Excusez-la.

1 Commentaire:

Florian Jutras a ?crit...

Cher Jean
Oui, je suis bien d'accord. Peut-on enseigner efficacement l'histoire de son pays sans parti-pris nationaliste? La littérature sans aimer ses auteurs et sans transmettre la flamme?
Enseigner tout court en monocorde? En est-il de même de l'éducation religieuse?
Il faut reconnaître qu'avant la révolution
tranquille ou avant Vatican II on n'a pas été fort sur l'âme chrétienne dans l'enseignemrnt religieux ni à l' école ni ailleurs. Le catéchisme du Québec à 508 numéros venait directement du Concile de Trente qui fut une réaction full dogmatique et full morale aux remises en question de la Réforme. Il fallait garder les chrétiens au sein de l'Église dans le droit chemin de la vérité dogmatique proclamée par le Magistère, vérit qui consistait principalement à une morale de soumission à l'autorité ecclésiastique et à toute autorité. Après Vatican II le renouvellement de la catéchèse au Québec a été une merveille de sensibilisation au divin peut-être mais au divin incarné surtout par conséquent chrétien. Seulement ce coup de barre a porté peu de fruits. Le milieu social était si religieusement sclérosé, ce qui a provoqué un rejet massif de la religion dans les années 70, que des sondages auprès d'élèves qui avaient fait tout le cycle de la nouvelle catéchèse tant à l'élémentaire qu'au secondaire ont révélé, grande déception, que ces chrétiens spécialement formés par l'école étaient encore habités par les mêmes démons de l'enfer, du péché, du ciel récompense d'une vie obéissante après la mort.
Que penser de tout cela? On ne donne pas ce qu'on n'a pas. C'est une très grossière illusion de penser ou d'attendre qu'un cours de culture religieuse puisse ouvrir les portes du divin ou allumer le buisson ardent.Quel musicien songerait à initier à la musique par l'enseignement de l'histoire de la musique sans âme, sans au dition?
Il revient aux croyants de transmettre le flambeau de leur foi, pas à l'école. Les évêques québécois (sauf un) l'ont bien compris en ne soulevant pas mer et monde pour revendiquer leurs droits à un enseignement religieux catholique à l'école.
Alors pourquoi s'évertue-t-on à implanter un tel programme, à le défendre ou à le combattre? Pour faire un passage en douceur à la laïcité? Parce qu'on reconnaît l'importance d'une certaine expérience religieuse pour tout humain? Alors pourquoi tant insister sur la neutralité et de l'enseignant et du programme. Qu'on lâche la bride à tous les croyants de toute religion, leur permettant de réchauffer à leur feu intérieur ceux qu'ils ont pour mission d'instruire et aussi, quoique en dise Jacques, d'éduquer un peu. Serait-ce un si grand mal qu'un étudiant accède au divin par la voie islamique ou la voie bouddhiste.
Alors, je comprends, on aurait une peur bleue du prosélytisme fanatique.
Se priver du feu parce que l'on a peur des incendies. Pourtant on a full pompiers dans notre monde. On risque plus de mourir gelé qu'enflammé.
C'est peut-être la raison de la popularité de l'incinération.

Quel drôle de monde!

Florian