vendredi, février 20, 2009

Le sommeil et le savoir y faire.

Pensez donc, je pourrais être à votre chevet. Sur votre table de chevet. Je suis gros. La boîte de kleenex devra faire place. Oui, j'occupe. J'occuperais de ces moments qui n'appartiennent qu'à l'ombre. Ce temps où vous n'êtes que l'ombre de vous-même. L'instant d'une brève lecture pour occuper l'espace à vider de sa tête et accepter le sommeil. Oui, je suis pesant à mon heure. J'ai le talent de fermer vos paupières s'alourdissant.

Pesant et costaud, la chute du temps ne me blesse pas. L'énergie vous glissant des mains. une pour le OFF; l'autre me laissera tomber à côté des vos mules. Rapidement, elles m'apprendront le copinage à vos moments intimes. Encore demain, j'attendrai la caresse du soir. J'entretiens l'idée qu'on m'ouvre pour assouvir un désir et au pire, pour combler un ennui; qu'une fois repu, on me repousse. Je connais mon rang; je sais mon sort.

Pour vous dire mon nom, je suis le « DICTIONNAIRE INATTENDU DE DIEU ». Un gros livre qu'Abbin-Michel a pris le risque d'éditer. 500 pages appartenant à Jérôme Duhamel et Jean Mouttapa. Ils ont colligé des courts textes, des citations. Plus de 3000 de 700 auteurs. Du travail tel celui où on peignait des enluminures bardant des textes vénérables, des feuilles de musique de Chrodegang de Metz et de Charlemagne.

Du classique, de l'insolite, des réflexions ludiques autant qu'impertinantes. Sérieux, curieux, inattendu pour montrer Dieu sous des visages possibles, imaginables. Et mille finesses dans l'image des mots. Mieux qu'un sermon, ça prédispose au rose sommeil.

Prenez-moi dans vos mains...

...ne soyez pas comme, tous les hommes, trop pressés.

Et d'abord, le regard

Tout le temps de prélude

Ne doit pas être rude, ni hagard

Dévorez-moi des yeux

Mais avec retenue

Pour que je m'habitue, peu à peu...

Sachez m'hypnotiser, m'envelopper, me capturer

Avec délicatesse, en souplesse, et doigté

Choisissez bien les mots

Dirigez bien vos gestes

Ni trop lents, ni trop lestes, sur ma jaquette

Voilà ça y'est, je suis

Frémissant et offert

De votre main experte, allez-y...

Tournez, tournez la page

Maintenant tout de suite, allez vite

Sachez me posséder, me consommer, me consumer

Je vous donne seulement trois références pour vous illustrer comment je dore mes enluminures.

CONDITIONNEL

Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu. >> Boris Vian (Inédit, cité in Boris Vian en verve, Pierre Horay 1970)

INTELLIGENCE

Je voudrais que l'intelligence fût prise au démon et rendue à Dieu. >>>Jean Cocteau. Lettre à Jacques Maritain, Nécessité du scandale. Stock, 1983

OBÉISSANCE

Nature, animaux,

Eaux, plantes, pierres,

Vos simples travaux

Sont d'humbles prières.

Vous obéissez:

Pour Dieu, c'est assez. >>> Paul Verlaine Bonheur, in Oeuvre poétique complète, Lafont, 1992.


Votre liberté de choix me nourrit. Voici trois autres compagnons aux odeurs pré-nocturnes.

DICTIONNAIRES DES SYMBOLES

Mythes, Rêves, Coutumes, Gestes, Formes, Figures, Couleurs, Nombres.

>>> Jean Chevalier, Alain Gheerbrant

Un exemple.

PARFUM

Cinq avenues sont explorées. En voici une.

Le parfum est dans le Yoga, la manifestation d'une certaine perfection spirituelle, car l'odeur qui se dégage d'un homme peut être fonction de son aptitude à la transmutation de l'énergie séminale. Est-il urdhvaretas, le parfum qui en émane est celui du lotus.

Le parfum joue un rôle de purification, d'autant qu'il est souvent l'exhalaison de substances incorruptibles, telles les résines (encens). Il représente la perception de la conscience.

Parfum est le nom des Gandharva, êtres célestes qui, plutôt que de produire de suaves émanations, s'en nouriissent. Ils sont en relation, tantôt avec le sôma, tantôt avec le souffle ou la source vitale. Le bouddhisme thibétain fait de leurs cités le type de la fantasmagories, du mirage, des constructions irréelles (avas, dana, evab, sair).

Dictionnaire égoïste de la littérature française

Charles Dantzig

Encyclopédie du tout et du rien

Charles Dantzig

Dormez bien.

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