Libération de Réjean.
Réjean zé moi ne nous zécrivons plus comme du temps où nous nous sommes retrouvés par l'intercession d'Eddy, à l'été 2001. Nous avions tant de nuages à crever. De beaux gros nuages blancs sur fond azul, va sans dire. Il en a plut de toutes les couleurs. Depuis ct'été, la pluie de mots subit un changement climatique. Il fait trop beau de part et d'autre pour que ça tombe sur le clavier avec autant de régularité.
Tiens! Ce matin, un mot de Firminy (Le Corbusier!). En France on parle d'élections... Françaises oui! Et Québécoises... Réjean m'en fait écho. Alors je vous reblogue... ce pote Réjean.
... je te rends compte des titres de mon journal sur les toutes chaudes élections au Québec.
Libération, lundi 26 mars 2007
- Les réacs ont la cote au Québec
La montée du parti ADQ illustre la tentation conservatrice de la province.
(Où il est question d'un Jeff Fillion et de sa RadioPirate.com prônant des valeurs néoconservatrices.Où Mario Dumont affirme qu'il faut fixer des limites à l'expression des particularismes culturels ou religieux des nouveaux venus.) C'est la législation et le plan général du multiculturalisme qui est à revoir. Je disais la même chose l'année dernière. Vous avez déjà commencé à être débordés.
Libération, mardi 27 mars 2007
- Coup de froid populiste sur le québec
La percée du mouvement ADQ fragilise les fédéralistes et marginalise les souverainistes.
(Désaveu de la classe politique traditionnelle québécoise. Jugement sévère des Québécois. Grand vainqueur de cette élection : l'ADQ. Quant au PQ, il tombe en dessous de 30% des suffrages de l'électorat.) Et cette phrase d'Alain Gagnon, politologue : "L'ADQ, c'est la revanche de l'esprit campagnard sur celui des villes (...) c'est un retour à un Québec familial et frileux."
Voilà. Tu pourras t'abstenir de lire "on line" Libération. Je ne commente pas, par incompétence vitale et territoriale. En effet, je ne vis plus sur le terrain pour "sentir" les mentalités. Le peu que j'en ai perçu l'été dernier m'a laissé un peu déçu. Où sont les "chevaux fringants" de Gilles Vigneault?
Ici, c'est trop fringant. La fièvre électorale me donne le tournis. Jamais, paraît-il, campagne présidentielle n'a autant suscité d'intérêt. Les gens ont été sensibles à la nouveauté de la "démocratie participative." Enfin, les futurs dirigeants demandent-ils l'avis du bon peuple. Ecrire que les résultats seront meilleurs que les vôtres, suspense. Les Français que nous sommes sont un peuple conservateur aussi. Mais aiguillonnés par une bonne frange d'empêcheurs de tourner en rond. On verra bien. Moi je mise sur la pouliche Ségolène et le cheval Bayrou.
Vous pourrez toujours conclure que Réjean est un maudit français et qu'il est en bonne santé. Comme il dit « ça fait toujours ça de pris ».
2 Commentaires:
On a beaucoup écrit sur la dégringolade du PQ. Espérant une reprise, j'ai ma petite explicaton à part ton choix et celui de beaucoup de tes semblables, choix de dépit que j'ai nommé. L,additon de ces choix même déraisonnables est pleine de raisons et de leçons. Voici ce que j'en ai lu.
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Post-mortem au PQ
Jeu de chaises musicales
Plusieurs ballons d’essai animent le ciel du post –mortem des souverainistes à l’occasion de la cuisante défaite du parti québécois le 26 mars dernier.
Dans la tradition de ce parti, Il faut un bouc émissaire pour expliquer la défaite et laver de cette tache les purs et durs du parti. Naturellement c’est André Boisclair. Il n’est pas dégommé qu’on y va de solutions de rechange : Landry au Bloc, Duceppe au PQ et Boisclair au désert. Et les jeux sont faits. Ce petit jeu, les fils qui se déchirent le royaume avant même que le roi n’ait redu l’âme n’est pas un gage de longue vie pur la souveraineté.
Au lieu de servir la souveraineté, héritage de René Lévesque on s’en sert pour asseoir son pouvoir et excuser ses manques. Ce jeu de chaises musicales ne peut que laisser la souveraineté en lambeaux et diviser ceux qu’elle devrait unir.
Et pointer le référendum comme le grand responsable de cette débâcle relève de la même myopie. Une autre tour de chaise musicale qui ne réanime pas le cadavre.
Mal à l’identité québécoise
On aura donc rien compris. La victoire de Mario Dumont, le seul vrai gagnant au scrutin du 26 mars, ne tient pas à son équipe, ni à son programme, ni au compte de banque de son parti, ni même à ses qualités de tribun. Le poids atomique de Mario Dumont sur l’échiquier politique québécois était, quelques mois avant le 26 mars, quasiment nul. On le décomptait.
Mario Dumont a réussi à soulever une vague d’adhésion, à insuffler une âme, un élan, une foi à ses supporteurs et c’est ce qui a fait toute la différence. André a fait une « bonne campagne» dit-on, mais il n’a rien soulevé. Pourquoi Mario a-t-il réussi là où les autres (André et Jean) malgré leurs atouts respectifs ont lamentablement échoué?
Rappelons-nous que depuis quelques années un malaise plus ou moins bien défini assombrissait le ciel québécois.
L’identité québécoise dont on était si fier, forgée dans la révolution tranquille et entretenue par le charismatique René Lévesque, prit mal le virage des années 90. La mondialisation et les voies nouvelles qu’elle ouvrait, la lutte à la productivité dans la foire des marchés, la désagrégation de nos paramètres d’identification, le ravalement de la souveraineté aux aléas de l’économie, la prolifération des groupes ethniques, les fortes résistances de l’identité canadienne vinrent tour à tour écorcher la haute estime que nous avions de nous-mêmes .
La goutte qui a fait déborder le verre des frustrations fut l’entrée massive d’immigrants arabes. Il n’était plus question de nos « jobs » que ces immigrants venaient prendre mais bien de notre culture, de notre identité. . Le voile, le kirpan, les lieux de prières, les concessions multiples qu’on leur fit au nom de principes religieux mal définis voilà ce qui a fait mal à l’identité québécoise profonde, celle des régions. « Si je vais chez eux je vais respecter leurs coutumes. Qu’ils fassent de même en venant ici » disait-on couramment. On confond facilement les arabes avec leurs intégristes qu’on craint comme la peste. On a eu le sentiment de se faire ravir petit à petit notre souveraineté qui nous réchauffait même sans la clarification référendaire manquée en 80 puis en 96.
Hérouxville a catalysé et un peu exorcisé ce mal à l’âme québécoise et Mario Dumont a pris la balle au bond promettant de couler dans la charte québécoise notre identité aux couleurs des valeurs d’antan. Mario est apparu comme le sauveur ou le guérisseur de notre mal d’identité et on l’a suivi allègrement de toutes les régions du Québec.
Et pendant ce temps, Jean défend son bilan et André son référendum. Ça ne lève pas haut.
Et en fond de scène M. Harper et son lieutenant M. Charest, distribuent quelques bondons et, croyant en avoir fini des vilains séparatistes, ils se préparent à ramasser la manne pour un Canada fort et uni.
Pendant que la souveraineté québécoise est ainsi malmenée, le parti qui doit la défendre et l’animer est pris avec des problèmes de maquillage et de plomberie..
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Au fil des ans, enfermée dans l’espace politique, la souveraineté est devenue l’apanage du pouvoir et non plus le bien du peuple désirable pour chacun. On se servait d’elle pour atteindre le pouvoir et s’y maintenir. Et c’est là subrepticement que la plomberie référendaire a tenu lieu et place de la souveraineté. C’est la cause principale de l’échec du 26 mars. La souveraineté a le souffle court et voilà qu’en post-mortem au lieu de tout faire pour la réanimer on s’affaire à changer son habillage. C’est morose, presque morbide.
C’est devant cette carence profonde, qui ne date pas de l’arrivée d’André Boisclair, que le PQ doit faire son post-mortem et en tirer les conclusions qui s’imposent. L’impératif de l’heure n’est pas de « reconstruire le Québec » mais de le réanimer.
Un post-mortem de résurrection
Réanimer la souveraineté
Pourtant la flamme de la souveraineté est loin d’être éteinte. Elle est émiettée, éparpillée, déguisée de honte. Elle a nom d’autonomie chez les adéquistes, elle est jeune, fraîche et toute vibrante chez les militants QS, endormie, elle attend patiemment le réveil chez les indécis. « convainquez-moi » disent ces derniers. Il faut rapailler ces tisons dirait Gaston Miron.
La tâche principale du PQ n’est même pas celle d’être un « bon gouvernement » meilleur que les autres. Il doit d’abord animer l’identité québécoise souveraine, la réchauffer, la mobiliser , la débusquer partout où elle se trouve sans trop se préoccuper de ses étiquettes. Il se doit d’être rassembleur, et non diviseur, séparateur. .
. Puis il doit coucher sur la table à dessin le pays que les québécois veulent se donner non un décalque des valeurs ancestrales des québécois de souche mais un cadre de vie respectueux des attentes de chacun, ou chacun se sentira chez lui, aimé et respecté, quelles que soient ses origines. Un pays armé pour relever les défis que l’ère de l’informatique nous lance déjà brutalement.
Nous sommes à la croisée des chemins, aux termes de la révolution tranquille et à l’orée de la mondialisation. L’économie, le politique, les conditions de vie, les valeurs sociales, les priorités nationales sont en pleine mutation. Il y a un nouveau pays à vivre. De quel pays rêvons-nous dans ce monde non pas d’hier mais de demain. Autour de quelles priorités pouvons-nous dégager des consensus. Parler le pays, le rêver, le définir, en être fier, relever ses défis, conjuguer ses forces, telles doivent être les tâches premières d’un parti qui s’est donné la souveraineté comme objectif principal et fondamental.
. Dans la foulée de la révolution industrielle, les américains ont créé un nouveau monde, de nouveaux pays. Maintenant nous sommes à l’ère de l’informatique. Il nous faut inventer des façons nouvelles de vivre ensemble.
C’est devant l’avenir que se dresse un Québec souverain. Même si nos valeurs ancestrales sont précieuses, ce n’est pas pour les préserver qu’on opte pour la souveraineté. La souveraineté ne réunit pas seulement les gens qui ont un passé commun. Notre Québec souverain sera forcément composé et avec avantage de tous ceux qui veulent marcher les temps nouveaux qui se présentent devant nous. Une économie non à la mesure du PIB mais à celle de la qualité de vie des citoyens, une éducation qui favorise la mobilité, la créativité plus que les efforts, l’endurance et la soumission; une présence au sein des nations plus au service de la paix que de la guerre, une responsabilité réelle et partagée face à l’environnement et ainsi de suite….
Le Québec est en fort bonne position pour entreprendre cette marche.
Sa langue et sa culture, dans un entourage anglophone, facilitent l’invention et l’originalité. Notre tissu social, émancipé du cadre paroissial., est dans les régions surtout, dynamique et débordant de ressources. La forte proportion des immigrants qui composent notre nation est un atout de plus pour se donner des institutions nouvelles plus respectueuses des gens et mieux adaptées aux nouvelles réalités qui forment notre monde. On n’a plus à faire la preuve de notre viabilité comme pays il suffit de nous rassembler pour définir notre projet de société et le moment venu, nous déclarer pays.
Vivre le pays avant de le voter
Cette mobilisation générale il faut la faire avant de reprendre le pouvoir. La souveraineté il faut la vivre et s’en pétrir avant de la voter. Le référendum pour obtenir la souveraineté c’est mettre la charrue devant les bœufs. De même changer de chef pour que le nouveau chef porte la tâche de la réanimation du cadavre, c’est mettre la charrue devant les bœufs. La réanimation doit venir de partout. Le cher capable de diriger notre pays sera choisi parmi ceux qui se dont distingués dans la tâche de la réanimation.
Gagner un référendum sans avoir vécu, le pays sans l’avoir conquis sous toutes ses latitudes serait une catastrophe plus grande que de perdre le pouvoir. C’est probablement le message le plus clair que l’électorat a mis dans les urnes du 26 mars dernier. On ne veut plus de référendum ne veut pas dire on ne veut plus de pays.
À la prochaine fois.
Florian Jutras
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