À l'heure normale.
Dimanche dernier, à l'heure de l'apéro partagé avec mon clavier, je décantais ma matinée. Me disais que je n'ai pas dû être le seul à ne pas réaliser le changement d'heure à temps! L'homme joue avec son chrono, pas la nature.
Les moineaux m'en donnant l'élan, je prends la plume à la Pierrot de la lune. Je me parle de ce dimanche, le premier d'heure normale, de ma fin du samedi d'hier.
Oui, plumes de moineaux ou plume aux mots.
Depuis l'avant de mon séjour en Espagne, avril-mai , je n'avais pas 'engrainé' les mangeoires de mes « charmants voisins ». Les largeurs du fleuve me présentaient le trop plein d'outardes, de canards et de passereaux en chicane de printemps. Le grand héron m'a figé si souvent. Ça me rassasiait. Arrive le vent d'automne soulevant les feuilles, vols me rappelant que les oiseaux existent encore.
Je désinfecte les auges à tout oiseau. Les comble. Je n'oublie pas d'ajouter un beau carr'-ô-dates de suif. Et j'observe les arbres tout autour. Rien. Une vraie mort d'automne. Par culpabilité, je m'accuse d'omission de graines au Père des ciels d'oiseaux. « Ça y est, la gent ailée me fait la gueule. Tant pis pour moi. Encore plus pour 'ailes'. » que je me marnonne, les arbres ayant des oreilles.
J'oublie ça. Ça me fera moins mal.
Mal m'en pris. Ce matin, le soleil était d'une paresse! D'habitude, hélas!, d'habitude, j'attends son lever. Même que des matins, j'entretiens l'impression de l'entendre se montrer quand le fleuve n'a nul mouvement et qu'il semble reprendre une parole de Félix, « ...j'ai pris un bain, chaussé guêtres et canne en main, vais porter hommage au roi, si tu veux, viens avec moi. ... ». J'ai toujours accepté l'invitation. Le plaisir furtif de rencontrer le roi-soleil au sortir du lit du fleuve est plaisir dans ma cours. Bonne RÉson de se lever tôt.
L'heure était encore aux étoiles. Sirius assise sur son Chien, visible comme un solitaire, orientait mon regard, juste un peu plus haut à ma droite, où je devinais la jeune nébuleuse d'Orion. Les mangeoires n'ont aucune séduction durant la nuit. Mes oiseaux du moment seraient des étoiles. Il y en a beaucoup plus, mais j'en connais beaucoup moins; que des oiseaux du jour, s'entend. Observer les étoiles ou les oiseaux demande le même regard, ce regard qui voit. On imagine facilement dans la voûte tellement immense que les étoiles vivent de la même liberté que les volatiles. Rien n'est inerte, tout circule sur un chemin modélisé par les astronomes. Contrairement, l'oiseau ne sait pas la branche qu'il saisira dans l'instant d'après. Le temps lui manque tellement. C'est pas long une vie d'oiseau; juste un peu plus que l'espace d'une rose, le disait bien Malherbe. Celle des étoiles dépasse le temps dévolu aux hommes. C'est pourquoi, les astronomes ont ce temps de les suivre, d'en tracer leur orbite.
Les yeux rivés dans mes pensées, soudain le jour. Inattendue, dans une lumière qui peine, la sitelle à poitrine blanche me déculpabilise enfin! Après plusieurs va-et-vient avec une graine de tournesol noir-nuit dans son fin bec, ce sont des mésanges à ne pas les compter. La danse s'initie. Ce bal, mainte fois, m'a porté à la béa sans habitude. Béa, je vous dis. J'oublie le soleil sur le fleuve qui double l'horizon. Encore, un cardinal, poinsettïa volant. Roselins bien familiers, plastron betterave! Timides mais bien présents, ces juncos gris ardoise, assez proches pour voir le rosé de leur bec granivore qui picorent sans toucher sol. Un chardonneret jaune-olive, prudent. Le « bruyant » pic minule pique et repique le carr'-ô-dates de suif! Fascinant. Un mâle moineau... Un écureuil gris...
J'ai mes ennemis.
Que la fête commence! Le ciel d'hiver présente les étoiles comme seul il sait le faire. La neige accompagne tellement bien les oiseaux qu'encore, mes rêves voleront comme ici, dans le cyber-espace. Aurait-on les hivers qu'on se rêve?
Ce matin, 4 novembre 2007, entre 4:30 heures (que je prenais pour 5:30 h.) et 8 heures.
1 Commentaire:
L'art de nous ramener à l'essentiel. Du grand duFleuve!
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