Décrochage scolaire... chez les prof!

Le nombre de professeurs sans permis a atteint 2345 l'an dernier dans les écoles du Québec. Il s'agit d'une hausse de 1121 % en cinq ans ! C'est la pénurie d'enseignants ...

C'est la pénurie de médecins, de spécialistes de la santé... Pourquoi ne pas « autoriser » monsieur Chose, fier d'avoir suivi le cours « Ambulance St-Jean »?

Il y a deux ans, pourtant, le Ministère de l'Éducation avait annoncé qu'il allait «stabiliser et même diminuer le nombre de tolérances d'engagement».

Pénurie de médecins? Le Premier Ministre Charest promet...

Fait inquiétant, 210 profs embauchés l'an dernier n'avaient qu'un diplôme d'études collégiales, et 57 avaient seulement un diplôme d'études secondaires général ou professionnel.

Professeur ou médecin? Je ne crois pas que le parallèle puisse tenir. Le médecin exerce une profession reconnue par la société. Le professeur exerce une occupation reconnue par la société. Depuis quelques décennies, le métier d'instituteur ou d'enseignant a glissé vers un accommodement raisonnable souhaité par le Ministère de l'Éducation du Québec. Les parents s'en sont contentés parce que l'école leur est secondaire.

Le MEQ est un organisme éminament politique. Qui dit politique appelle le pouvoir. Depuis quarante ans, le MEQ étend son pouvoir en s'accaparant progressivement de rôles parentaux. Les parents s'en accommodent très raisonnablement. L'effet pervers pour les instituteurs-enseignants c'est qu'à leur insu, ils sont devenus des quasi babies-sitter (*). Mais c'est maintenant, de moins en moins à leur insu...

On peut imaginer le dessin de carrière d'un jeune postulant voulant devenir enseignant. De un, il s'instruit dans le but de transmettre ses connaissances. L'idéal est manifeste et socialement généreux. Pour acquérir 'la recette de transmission de connaissance', il devient pédagogue sanctionné par l'État.

Diplôme et brevet en main, il est immédiatement valorisé parce que les Commissions Scolaires se l'arracheront de la même manière que les hôpitaux recrutent les internes en fin de stage.

Son idéal d'instruire des plus jeunes sera rapidement ramené au niveau du plancher d'une classe où le comportement des enfants prend d'avantage d'espace que leur champ de réflexion. Il aura maintenant comme rôle principal de garder les enfants en classe puisqu'à la maison, on en a assez de les garder quand l'école n'est pas ouverte.

Tous, nous avons gardé des enfants. Nous avons rapidement compris que l'enfant demande une variété d'activités pour respirer le bonheur. En plus, l'enfant-roi captivera le babysitter, l'adulte, le professeur.

Le MEQ l'a aussi compris. Réformes, nouveaux programmes, curricula scolaires modifiés, introductions d'options, etc. Il faut que ça bouge! Il est aisé d'imaginer le nègre captif devant se taper l'application concrète des engagements, des dictas d'En-Haut! Le MEQ, bon Maître, lui fournira une grille d'évaluation, à compléter monastiquement, de son travail ou de celui de l'enfant...

L'enfant réussi? Alors, les parents savaient avoir mis au monde un petit génie. Si échec? Le professeur est rapidement vu d'un regard oblique. La situation ne sera pas dramatique longtemps... Le bon Maître fera en sorte de modifier les exigences à la baisse. Raisonnablement, les parents s'accommoderont d'un milieu scolaire où l'échec, l'échec politique n'existe pas.

Qui se surprend de constater que « l'occupation professorale » intéresse de moins en moins?

Dans les cinq premières années de pratique, quel est de pourcentage d'abandon chez les jeunes professeurs? Chez les jeunes médecins?
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(*) Personne payée par les parents pour garder les enfants en leur absence pour une courte durée (en général quelques heures)