samedi, novembre 04, 2006

L'ipodisation

Essai de réflexion évolutive

Ça y est. Me voilà ipodé. Piqué, conquis par l'iPod.

L'iPod Shuffle, plus précisément, ce petit bidule gros comme un 'paquet de gommes Dentyne' qui te permet de transporter ni vu ni connu les trésors de ta 'discothèque' et, où que tu sois, sans déranger personne autour, grâce à de minuscules écouteurs d'une étonnante qualité sonore, de te farcir les oreilles de voix et de musiques triées sur le volet pour entendre ce que tu veux bien entendre.

Une merveille technologique qui, je le pense crains, deviendra vite aussi indispensable à mes oreilles que notre robot boulangeur et notre four à micro-ondes le sont à ma panse...

Le hic, c'est qu'avec l'iPod vient l'ipodisation. Un phénomène qui m'intrigue m'interpelle au plus haut point : j'appelle ipodisation (néologisme de mon cru) l'isolement dans lequel nous plonge paradoxalement cette technologie audio-réseautique.

Car, ipodé, tu es à la fois en lien avec toutes les voix et toutes les musiques du monde -- au moins potentiellement -- et entièrement captif des sons que tu écoutes au moment même. Ainsi coupé de ton environnement sonore immédiat, te voilà magiquement et instantanément transbordé virtuellement 'en présence de quelqu'un' que tu laisses t'envahir complètement par sa voix ou son instrument de musique.

Il y a une équation à faire entre la présence et le son. Le son est en quelque sorte une manifestation de vie; l'absence de son, c'est l'absence de vie. Ne dit-on pas : un silence de mort...
« Je parle, donc je suis. J'écoute, donc nous sommes. »
écrit Raôul Duguay.
Dans notre monde de technologies audio-numériques, il faudrait peut-être dire plus précisément : Je te parle, donc je suis; je t'écoute, donc nous sommes...

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