lundi, janvier 29, 2007

Une nation, c'est quoi?

Notre Premier nous dit, Québécois, Québécoise, vous êtres une nation. Enfin! Mais il vient d'affirmer quoi? Jean apporte de l'eau à ce moulin où tout se moud. Les Landry sont contents.

Du choc des concepts, jaillissent les discriminants! Nation, peuple, pays, origine, tribu, et encore. Pourquoi pas Tsiganes, Juifs, Roms, Québécois, Catalans, Sans-papier, et encore. J'apprenais tout dernièrement que les enfants bien québécois, nés au États-Unis parce que la mère voyage, ont beaucoup de difficulté à obtenir un passeport...

Peut-on définir ce qu'est une nation? Définition englobant tant de discriminants? Sait-on vraiment de quoi on parle en utilisant le mot "nation"? La recheche d'un consensus m'apporte celle lecture que je désire vous faire partager.

Une nation, ça change pas le monde, sauf que...

Vincent Marissal La Presse, dimanche 28 janvier 2007

Barcelone C'est quoi, pour vous, une nation?

On ne peut pas se trouver en face de Jordi Pujol, le patriarche du nationalisme catalan qui a régné sur le gouvernement régional pendant près d'un quart de siècle, sans lui poser cette question.

Le vieil homme réfléchit une minute en répétant pour lui « c'est quoi une nation?
« Lors d'une visite au Québec, il y a quelques années, j'ai rencontré un monsieur Dupont, qui m'a parlé de la nation québécoise, de ses ancêtres venus de Poitiers au XVIIIe siècle, qui ont toujours parlé français et qui étaient le coeur de la nation québécoise... Très bien, lui ai-je dit, mais qu'est-ce que l'on fait de tous ceux qui ne viennent pas de Poitiers?»

Puis, il enchaîne, « Qu'est-ce qu'une nation? C'est facile : c'est la mémoire, l'histoire et la culture, les liens affectifs, mais avant tout, c'est un projet. Surtout dans un pays d'immigration.»

On a bien vu au Québec et à Ottawa, l'automne dernier, que la définition de nation ne fait pas l'unanimité. Même le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Lawrence Cannon, a été incapable d'expliquer ce qu'est, ou n'est pas, la nation québécoise.

La question de l'origine se pose ici, mais elle est encore plus criante en Catalogne, où la moitié de la population vient d'ailleurs. En Catalogne, le concept de pure laine est inconnu et inapplicable.

« Nous sommes sept millions, dont la moitié vient de l'extérieur de la Catalogne et un million hors d'Europe. Le plus important, c'est la cohésion sociale. Notre projet est civique, pas ethnique. Est catalan qui veut être catalan», dit Josep-Lluis Carod-Rovira, vice-président du gouvernement autonome de Catalogne et chef du parti indépendantiste Esquerra republicana Catalunya.

Comme toute l'Europe, l'Espagne est confrontée au phénomène de l'immigration massive, ce qui cause des remous dans la population indigène et, nécessairement, soulève des débats passionnés sur les identités nationales.

Ce qui fait dire au directeur du quotidien El Pais à Barcelone, Xavier Vidal-Folch, que la « nation est une utopie secrète «. « Il y a beaucoup de nostalgie au Royaume catalan», dit-il.

Le catalanisme demeure le courant dominant, mais la population ne rejette pas pour autant l'Espagne et les immigrants ne se reconnaissent pas nécessairement dans le discours nationaliste. Il suffit de demander aux Catalans ce qu'ils sont pour constater les déchirements.

« Si je dois choisir, je suis seulement Catalan, mais il faut être pleinement conscient de la réalité : nous appartenons à l'État espagnol, il faut s'investir, aller vers la modernité et l'Europe. 50 % des Catalans ne sont pas pure laine et de 30 à 40 % sont autant Espagnols que Catalans «, explique Artur Mas, chef de l'opposition au Parlement de Catalogne.

Comme les Québécois...

Comme les Québécois, qui sont fiers d'être distincts, mais qui tiennent à leur passeport canadien, les Catalans louvoient entre deux identités.

«Je suis Catalan d'abord, mais je suis aussi Espagnol. Ce n'est qu'un papier, c'est juridique, mais c'est l'histoire et je l'accepte, dit Carles Llorens, secrétaire aux relations internationales du parti nationaliste Convergencia i Unio. À l'étranger, je suis Catalan, mais il faut toujours expliquer. On peut aussi dire que nous sommes de Barcelone, mais un moment, il faut dire que nous sommes Espagnols...»

M. Llorens ajoute : « L'Espagne est un pays fantastique, à la mode, à l'avant-garde, mais ce n'est pas mon pays, notamment parce que ce pays reste accroché à l'idée d'un grand pays et ne fait pas de place à la différence. On ne peut même pas parler catalan au Parlement de Madrid

Le vice-président Carod-Rovira affirme que « la plupart des Catalans, dans leur coeur, voudraient se passer de Madrid «, mais qu'ils acceptent favorablement la reconnaissance de leur nation par le gouvernement espagnol.

Et contrairement au Pays basque, ajoute-t-il, la Catalogne est paisible. « La nation catalane est habituée de vivre sans État, nous existons malgré l'État espagnol, dit M. Carod-Rovira. Nous sommes calmes, pacifiques, nous avons le soleil, de la bonne cuisine, des étoiles Michelin...»


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2 Commentaires:

Jean Trudeau a ?crit...

Personnellement, je suis Canadien français : « Canadien-français un jour, Canadien-français toujours... ». C'est simple, clair, net et enraciné dans l'histoire (nos ancêtres se sont battus pour l'affirmer). L'État, la nationalité et le peuple 'québécois' sont autant de concepts mythiques et utopiques qui ont contribué jusqu'à maintenant à nous diviser, à nous affaiblir et à nous empêcher de prendre la place qui nous revient dans le Canada.

Quidam duFleuve a ?crit...

Cher Jean, tu me fais glisser sur le plan individuel. Entrons-y ! D'autant plus que c'est avec des individus qu'on fait la nation.

Flashback. Milieu des années soixante. Mon premier geste démocratique, je vote! C'est la trudeaumanie; j'encourage PET. Sa victoire A Mari usque ad Mare m'a-t-elle baigné de fierté canadienne? Mi no save. -- En 1967, chemin du Roi, devant le collège Roussin, la "parade" de Pierre Desjardins accompagne l'idée de René Lévesque. J'embarque dans cette idéologie imprécisément définie. J'en sortirai perdant lors du vote d'un parlement de Robert Bourassa qui hausse (+ de 20%) le salaire des députés avec rétroactivité, salaire automatiquement indexé depuis... Ce sujet controversé n'a plus à revenir en chambre!!! (*) Aucune opposition à ce vote! C'est le gouvernement précédent qui avait coupé la fonction publique de 20%. Pour le nommer, l'ardent monsieur Chevrette (que j'avais personnellement connu dans les instances syndicales locales) avait accepté la motion libérale... Depuis, je suis a-politique. À chaque tergiversation démocratique, je suis des indécis qu'on se fend à convaincre. Le Canada me permet une chose, la plus importante: la liberté d'être. Et ça passe avant ma culture linguistique. J'ai fait un court séjour en Nouvelle-Zélande où on ne parle que l'anglais et le maori. Dès la descente de l'avion, je me sentais chez moi. Cette liberté ne s'est jamais démentie. Si j'étais moins enraciné en Laurentie... Coudon, de quelle nation suis-je?

(*) Nos députés sont les mieux rémunérés des dix provinces canadiennes! C'est peut-être pour de telle aberration qu'un Québécois a inventé le mot "tabarnak!". La dernière négociation des médecins spécialistes a soulevé une napkin de la table de ce banquet . Durant ce temps, nos infirmières reçoivent un salaire moindre de 20 000$ de celles de l'Ontario...