mercredi, janvier 24, 2007

Je ne suis pas raciste! Ouf!

Dans son billet titré Entre-racisme-et-nationalisme, Jean rappelait une récente discussion sociale sur le racisme. Il m'est revenu une lecture de fin de semaine, soit la Collaboration spéciale de Dany Laferrière à La Presse, comme tous les dimanche. Ce Laferrière, un immigrant fécond!, donne sa définition « in vivo » du racisme. Il nous éloigne du sensationnalisme pour nous écraser sereinement par la très acceptable réalité, la sienne que je fais mienne. Je vous laisse à ce gros morceau d'Haïti.

Une auto-flagellation

Ces gros caractères blessants du Journal de Montréal: "59 % des Québécois se disent racistes". Il doit y avoir un vieux fond catholique dans cette auto-flagellation. L'aveu étant ]a forme laïque de la confession. Je suis sûr qu'il y a un gros paquet Ià-dedans qui ne savent rnême pas ce qu'est un raciste. Pour être raciste, il ne suffit pas de penser sporadiquement qu'il y a trop d'Arabes, de Noirs ou de Juifsdans son quartier. Il faut être prêt à passer à l'action. On ne peut pas être raciste en pensée. La société ne fonctionne pas comme une église. Il faut faire en sorte que "ces gens" quittent votre immeuble, votre quartier, votre ville, votre pays.

N'est pas raciste qui veut. Celui qui croit que cet homme est paresseux uniquement parce qu'il est noir n'est pas un raciste, mais plutôt un imbécile. Le raciste, c'est celui qui entend sciemment discréditer l'autre parce qu'il veut sa place. Pour qu'il y ait racisme, il faut un intérêt au bout, si minime soit-il. Cest un crime prémédité.

Dans les 59 %, j'en connais très peu qui passeront à l'action. Au fond, ils auront trop peur d'aller en enfer. Ils peuvent bien penser des choses abominables à propos des Noirs, mais dès qu'ils sont en présence d'un individu en chair et en os, ils fondent. Si vous voulez savoir si quelqu'un est vraiment raciste, laissez un bébé noir sur son palier. Vous avez toutes les chances de le retrouver une heure plus tard, à genoux sur le tapis, en train de gazouiller.

Pourquoi je fais pareille distinction? Parce que celui qui est habitué à être ostracisé reconnaît, d'un simple coup d'oeil, le vrai raciste. Et il est beaucoup plus rare qu'on ne le croit. Comme le tueur en série. À vue de nez, cela doit faire 3 %, pas plus, d'une population. C'est comme dans les autres domaines où il n'y a pas plus de 3 % de gens vraiment compétents. Je parle de ceux qui entraînent les autres dans une action.

Je vous sens sceptiques avec mon minuscule 3 %. C'est à peu près 210 000 personnes (sur 7 millions) de toutes conditions qui croient profondément que l'unique solution c'est de se débarrasser de cette "racaille" (le mot est de Sarkozy) qui pollue l'air ambiant. Bien qu'en période de vraie crise économique ou de sérieuse "tempête identitaire", ces 3 % d'agitateurs motivés peuvent réveiller les 59 % d'amateurs endormis. Cela prend une étincelle pour mettre le feu à la plaine.


Je ne suis pas raciste! Ouf! -- Merci monsieur Laferrière.

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