La souveraineté d’un nouveau Québec pour prendre le virage du temps.
Un entremets au débat des chefs.
Une nouvelle ère
· Tout bouge tout autour. :Le changement c’est la permanence de notre temps. Les institutions basculent. L’absolu se noie dans la temporalité. Le mur de Berlin est tombé. La Perestroïka a étouffé le communisme et relancé en ces lieux l’aventure du capitalisme sauvage. Les piliers de l’économie américaine, le pétrole et l’auto s’effritent. Au Québec la natalité n’assure plus le salut de la nation. On doit recourir à l’immigration pour survivre. Il y a distorsion de notre identité. Ce que nous vivons et ce que nous avons été. Le miroir de notre avenir est trouble.
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· L’ère de l’informatique, bien en place laisse deviner des mutations de société aussi sinon plus radicales que celles dont a accouché au début du 19e la révolution industrielle. Alors et suite à cette impulsion la démocratie a remplacé la monarchie, l’économie des fonds de terre a été supplantée par celle du capital et du travail, la classe ouvrière nouvellement née a fait des pieds-de-nez à la noblesse, l’artisan a dû se recycler en usine, l’excroissance des villes a noyé les châteaux dans les brumes du Moyen-Âge, l’état a défroqué de l’Église, les démarcations entre le bien et le mal ne relèvent plus du droit divin mais du consensus populaire signifié par les sondages etc…
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· Sous l’impulsion de l’informatique et des nanotechnologies des changements non moins radicaux sont en cours et bouleversent moults acquis. Comme les animaux malades de la peste, tous n’en meurent pas mais tous en sont marqués.
Changer le cap de la souveraineté
· La souveraineté du Québec dans ce contexte résonne de tonalités fort différentes. Ses caps sont à redéfinir. Préoccupée de sauvegarder son patrimoine la souveraineté, le chanoine Lionel Groulx en tête, s’est braquée sur le passé. La foi, la langue et la forte natalité lui ont permis de sauver ses meubles.
· Puis la relance s’est faite au présent par René Lévesque qui nous a rendus fiers de notre identité et maîtres de nos ressources. La souveraineté ou son projet devait dans le présent nous poster aux commandes de notre économie. Pour l’essentiel ce fut chose faite avec ou sans la laisse de la confédération canadienne. Dans le contexte d’un capitalisme pour un temps encore sauvage, bien des noms québécois figurent au palmarès de la haute finance, de l’industrie, de l’économie et de tous les secteurs d’activité. Et nous sommes fiers de ces réalisations.
Le « nous » québécois a aussi beaucoup changé. On s’abreuve moins à la sève de la souche et beaucoup de rejetons poussent en dehors d’elle. Donner à la souveraineté la mission de revitaliser la souche c’est la reléguer aux tablettes du folklore alors qu’elle aurait tant à faire aux différents carrefours de notre devenir. C’est décidément sur l’avenir qu’il faut braquer la souveraineté. Elle peut-être un puissant levier pour nous aider à prendre le virage des temps nouveaux.
La souveraineté pour prendre le virage
La crise financière que nous connaissons révèle l’impuissance du capitalisme sauvage à assurer la prospérité et surtout le partage équitable des richesses. On ne peut plus se contenter de colmater les brèches. Sarkosy l’a dit haut et fort. On voit l’urgence de prendre les virages appropriés avant que tout ne se détraque. Cependant les nations trop engoncées dans les charnières de la révolution industrielle en sont absolument incapables.
En Irak comme en Afghanistan Bush et la politique américaine suivent les patterns établis au siècle dernier, une guerre de chars et de blindés aussi lourds et gauches que les armures des chevaliers du M.A. Malgré de fortes résistances du Québec, le Canada suit fidèlement les sillons rétrogrades tracés par Oncle Sam.
Le renouveau du monde, l’apprivoisement de la mondialisation ne viendra sûrement pas des capitalistes qui sont trop occupés à protéger leurs privilèges pour entendre les cris des défavorisés qui meurent de faim ou pour porter attention aux menaces qui pèsent lourdement sur notre futur collectif.
La survie viendra de là où on ne l’attend pas. Qui l’eut dit il y à peine deux ans que la classe moyenne américaine se donnerait un leader noir pour modifier de fond en comble la politique américaine, son économie et ses rêves les plus tenaces?
Les virages à prendre : investir à fond dans les nouvelles technologies moins dépendantes des énergies fossiles, développer des modes de gérance qui tablent sur la compétence et les consensus plus que sur les rivalités et l’opposition des partis politiques, faire de l’éducation pour tous le fer de lance qui mobilise les bonnes volontés de toute race et de toute origine à la conquête de nos demain imminents, riches et menaçants, bâtir une économie durable, renouveler avant d’être à l’extrémité nos sources d’énergie et d’approvisionnement, impliquer les régions et les groupes de citoyens de base dans la définition des objectifs et la mise en place des moyens de les atteindre, œuvrer dans et avec la diversité dans l’accueil et le respect des différentes cultures etc. ..
Le Québec formé d’une population fort diversifiée, qui a déjà développé des expertises intéressantes en toutes sortes de domaines est en bonne position pour effectuer ce virage.
Et la souveraineté est probablement un outil indispensable pour enclencher ces renouveaux. Les dernières expériences d’essai de compromission et de collaboration avec le reste du Canada révèlent tant de différences et d incompatibilité que persister à faire route dans la perspective de la confédération c’est non seulement renier son identité c’est surtout s’handicaper d’un lourd boulet qui risque de compromettre notre survie.
Alors la souveraineté n’est pas seulement légitime, naturelle, appropriée à notre identité, elle devient un « must » pour réaliser ce que nous voulons comme nation. On ne peut la mettre sous le boisseau parce que le referendum risque de heurter les épidermes sensibles. Il ne faut pas l’attendre non plus pour réaliser notre pays.
Bâtir un nouveau pays
Alors le parti qui s’est donné comme mission de réaliser la souveraineté doit d’abord et sur tous les horizons travailler à réaliser le pays. Prétexter que la confédération canadienne nous empêche de bâtir notre pays, un nouveau pays pour une nouvelle ère de l’humanité c’est couvrir notre inertie d’une très lamentable excuse. C’est un nouveau pays qu’il nous faut bâtir avec une nouvelle donne, de nouvelles gens et de nouvelles visées. La mise au rancart du référendum n’est pas pour les souverainistes une période d’attente mais l’urgence d’une intense activité pour relever le défi pressant qui se dresse devant nous.
Réaliser le pays ce n’est pas soumettre les différents groupes qui le composent à un groupe majoritaire à ses lois et à sa culture. Réaliser le pays c’est, dans le respect de la diversité des groupes, des ethnies, des régions, des origines, des cultures et des traditions de chacun, unifier les diversités, les centrer vers la poursuite d’objectifs communs. C’est un projet neuf de société qu’il faut d’abord à ce pays. Ce projet c’est une nouvelle nation, un nouveau peuple qui doit le mettre sur les rails. Ce pays commande de nouvelles attitudes, de nouvelles façons de faire, de nouvelles politiques, la mise en place de nouvelles énergies l’émergence de nouvelles valeurs. Une nation de ceintures fléchées ne saurait relever ce défi, prendre ce virage.
Pour relever ce défi on n’a pas à faire « tabula rasa » de toute notre histoire et de nos traditions. On n’a pas à réinventer les boutons à quatre trous. L’humus québécois germe avec profusion d’initiatives, d’audaces, d’inventions, de sens pratique qui font qu’on est entré de plein pied dans le 21ième siècle.
Ce qu’il nous faut c’est un ralliement, une cohésion à cette diversité, un Messie, un Obama qui sache nous donner confiance et fierté comme a su le faire un René Lévesque dans les années 70 mais cette fois non plus dans la maitrise de notre présent mais dans la conquête de notre futur.
Devant l’impératif du futur : Un gouvernement, narcissique et un PQ déboussolé
Et pendant que les signes avant-coureurs des temps nouveaux sollicitent partout notre attention, pendant que les alertes sonnent à tout moment, sur les menaces qui assombrissent le ciel de nos acquis, que font nos gouvernements, comment réagissent nos politiciens?
Au lieu de mettre sur pied un projet mobilisateur et favoriser la participation de tous on déclenche des élections parce que c’est le bon temps de profiter de la crise pour affermir son pouvoir. On croit ou on laisse croire naïvement que l’image des trois mains sur le volant caractérise le mieux les malaises de notre présente situation. Mais, on vous l’a dit et répété M. Charest, on est en crise. C’est le dynamisme de la corvée qu’il faut insuffler à ce peuple, non l’inertie ou le débat stérile des juridictions et surtout pas les vantardises soufflées de ses réalisations du passé. .
Et pris de court tant par la crise que par le déclenchement inopiné de la campagne électorale, aucun parti n’a de projet à proposer. On se critique, on se crêpe le chignon, on fait des petites guerres plus risibles et moins efficaces que la guerre des boutons, c’est celle des promesses. On étale sur la place publique le spectacle éculé et ridicule de la période des questions à l’Assemblée nationale. Ces pratiques m’insultent, discréditent la politique et les politiciens par ailleurs engagés et courageux et démobilisent beaucoup de bras qui souhaiteraient œuvrer à la construction de la nouvelle nation. Une campagne électorale dont la principale prouesse est d’enfarger l’autre! On mérite mieux que ça de nos élus!
Dois-je voter sur une dizaine de places de plus ou de moins en garderie, ou sur qui est jugé coupable des ratés du système de santé ou sur la promesse de bulletins chiffrés ou la disparition des commissions scolaires? Pourtant le feu est aux poutres.
Et le PQ? Pris de court il ne s’est pas encore remis de la dernière débâcle. Il semble encore faire passer la prise du pouvoir avant son article un la mise en œuvre du chantier de la souveraineté. Surtout il n’a pas encore su donner à la souveraineté une réelle plateforme, un projet de société qui mette résolument le cap sur le futur.
Et Madame Marois? Elle s’en tire somme toute élégamment. Ses propositions sont bien étayées et portent l’étiquette de la mesure du bon sens. Mais rien d’englobant, rien qui rallie, qui fasse rêver, qui mobilise. Le pays ne se profile même pas en arrière-fond des scènes électorales occupées par le PQ.. La souveraineté, un petit drapeau que l’on brandit ou que l’on cache selon l’humeur des computs de votes.
Et on a aussi l’impression que le mirage de la première femme du Québec Première Ministre voile la souveraineté. On réédite ainsi l’erreur des gouvernements péquistes qui pensaient ou disaient qu’un bon gouvernement donnerait des ailes à la souveraineté la réaliseraient comme automatiquement.
Un Messie pour le Nouveau Québec
Que sera le Québec de demain? Quel visée déploie-t-on face à la guerre, face aux armements, face à notre insertion dans la communauté des nations, face à l’environnement, face au développement de nos ressources naturelles… En éducation quels objectifs au-delà des bulletins chiffrés devrait-on poursuivre? Préconise-t-on des soins de santé à une ou à deux vitesses? Pourquoi? Etc.
Au lieu de laisser l’image d’un Québec débordant de ressources, déjà engagé dans le virage et prêt à le compléter on accroit l’impression d’un panier de crabe où tout n’est que rivalité et discorde. Au lieu d’engager la solidarité et de la motiver on la décourage en faisant des lieux publics des arènes de boxe où les victoires se comptent en knock-out au ras du tapis.
Pourtant dans le pays voisin qu’on juge souvent si rétrograde on a réussi une percée aux dimensions internationales, aurore de paix, profonds et audacieux virages qui mobilisent une bonne partie de la nation américaine.
Faut-il encore attendre un Messie, notre Obama pour relancer le Québec dans la foulée d’un René Lévesque faire rêver une ère nouvelle ?
Peut-être conviendrait-il de lui paver la voie en tournant déjà nos regards vers l’avenir et en projetant nos ambitions, nos forces et nos rêves plutôt que nos jérémiades sur les carences du passé!
Une souveraineté nerf du pays futur? OUI
Une souveraineté d’affichage au tableau des nations? Pourquoi faire? On a un pays à rebâtir.
Florian Jutras