De Inukshuk à la lanterne chinoise
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Le dragon peut-il ouvrir à la Chine et à l’humanité une ère nouvelle?
Des athlètes courent la terre sous toutes ses latitudes, même à l’envers, croisent ses méridiens comme à une répétition de courses à relais, l’animent et l’allument la transformant en lanterne chinoise orangée. C’est l’image-symbole de la Chine parue à Pékin à l’ouverture des jeux.
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Puissant symbole qui ouvre et les jeux olympiques et me semble-t-il une ère nouvelle à notre humanité en travail d’accouchement.
La lanterne chinoise, depuis belle lurette, c’est la lumière du monde qui chaque janvier éclaire l’aube d’un nouvel an.
Éclairer c’est donner un sens. La lanterne chinoise a éclairé les profondeurs de la terre et apprivoisé ses monstres. Partout ailleurs, les entrailles de la terre sont les lieux du mal, des dragons que St-Georges a peine à terrasser, l’enfer de Dante et des autres où geignent éternellement les faces hideuses des damnés.
La terre et ses entrailles, le lieu des morts, la mort.
En Chine, le dragon sorti des profondeurs de la terre est un dragon apprivoisé, joyeux, le chef de file de la fête, de tous les renouvellements, de la vie.
En Occident on a boudé la matière, on l’a mise au rancart des destinées humaines et on a réservé à son opposé, à l’esprit, tous les nimbes et toutes les palmes de la renommée.
Les Chinois ont plutôt développé le génie et le souci d’harmoniser toujours matière et esprit en un tout indivisible le Yin et le Yang. C’est Lao-Tseu qui fondant le taoisme a mis à jour ces racines fondamentales de l’âme chinoise.
Même la rigueur du code d’éthique de Confucius et sa notoriété, le besoin qu’on avait alors d’une soumission totale n’ont pas réussi à éradiquer cette pousse de l’arbre chinois qui a couvert d’inédites harmonies les paysages de son histoire.
On l’a rappelé brillamment à la cérémonie d’ouverture. Tous les symboles qui disent la Chine n’empruntent pas la langue de la domination, ne célèbrent pas les conquêtes par la force des armes ou du pouvoir, ne s’érigent pas en obélisque au sommet des montagnes. La sphère définit mieux la Chine que le triangle. La sphère de la terre que les hommes sillonnent, la sphère de la lanterne, les gracieuses ondulations du dragon qui rassemblent au centre de la Cité.
Des athlètes courent la terre sous toutes ses latitudes, même à l’envers, croisent ses méridiens comme à une répétition de courses à relais, l’animent et l’allument la transformant en lanterne chinoise orangée. C’est l’image-symbole de la Chine parue à Pékin à l’ouverture des jeux.
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Puissant symbole qui ouvre et les jeux olympiques et me semble-t-il une ère nouvelle à notre humanité en travail d’accouchement.
La lanterne chinoise, depuis belle lurette, c’est la lumière du monde qui chaque janvier éclaire l’aube d’un nouvel an.
Éclairer c’est donner un sens. La lanterne chinoise a éclairé les profondeurs de la terre et apprivoisé ses monstres. Partout ailleurs, les entrailles de la terre sont les lieux du mal, des dragons que St-Georges a peine à terrasser, l’enfer de Dante et des autres où geignent éternellement les faces hideuses des damnés.
La terre et ses entrailles, le lieu des morts, la mort.
En Chine, le dragon sorti des profondeurs de la terre est un dragon apprivoisé, joyeux, le chef de file de la fête, de tous les renouvellements, de la vie.
En Occident on a boudé la matière, on l’a mise au rancart des destinées humaines et on a réservé à son opposé, à l’esprit, tous les nimbes et toutes les palmes de la renommée.
Les Chinois ont plutôt développé le génie et le souci d’harmoniser toujours matière et esprit en un tout indivisible le Yin et le Yang. C’est Lao-Tseu qui fondant le taoisme a mis à jour ces racines fondamentales de l’âme chinoise.
Même la rigueur du code d’éthique de Confucius et sa notoriété, le besoin qu’on avait alors d’une soumission totale n’ont pas réussi à éradiquer cette pousse de l’arbre chinois qui a couvert d’inédites harmonies les paysages de son histoire.
On l’a rappelé brillamment à la cérémonie d’ouverture. Tous les symboles qui disent la Chine n’empruntent pas la langue de la domination, ne célèbrent pas les conquêtes par la force des armes ou du pouvoir, ne s’érigent pas en obélisque au sommet des montagnes. La sphère définit mieux la Chine que le triangle. La sphère de la terre que les hommes sillonnent, la sphère de la lanterne, les gracieuses ondulations du dragon qui rassemblent au centre de la Cité.
Inukshuk
Peu de temps auparavant, notre ami Jacques érige, face à son fleuve, un imposant Inukshuk. Ce puissant symbole de l’humanité érigé dans le grand Nord, avant de marquer les amours de Jacques pour le grand fleuve et les grands espaces du 55ième parallèle a battu la marche d’une humanité en émergence de ses langes de pierre.
Inukshuk un symbole éminemment social. Repère de service à l’homme souvent solitaire et pérégrinant, il deviendra totem c’est-à-dire rassembleur d’une communauté puis sous la pression de l’Occident, obélisque ou symbole d’un pouvoir qui prend sa source dans l’éternité l’au-delà de nos espaces horizontaux.
Aujourd’hui, en plus de ses rustiques valeurs décoratives, Inukshuk c’est la mémoire du temps de l’homme, le rappel de ses origines, le signe de ses progrès.
Inukshuk indique plus le sens de la démarche humaine qu’il n’en marque les étapes. De l’Est à l’Ouest par ses bras de pierre, dressé Sud Nord, Inukshuk c’est l’homme-pôle de la terre et du temps, le symbole qui ouvre à l’homme toutes les dimensions de l’univers. Pour un Inu la terre est à tout le monde. .
Et entre les deux, en Grèce, l’Occident érige en symboles contradictoires ses propres ambivalences. Il éprouve des difficultés séculaires à habiter la terre.
La matière l’opprime. C’est le mythe de Sisyphe ce pauvre condamné à remonter une roche si lourde qu’aucun haltérophile ne pourra jamais lever.
Le génie de Camus aura été de dessiner un Sisyphe heureux de jouer comme d’un fifre de sa rationalité devant une matière même toujours visqueuse et absurde par définition. Sympathique effort mais ça ne clôt pas le débat. La relation de l’homme avec la nature est toujours chez l’homo occidentalis entachée d’ambiguïtés. Mince supériorité de l’homme que celle du roseau de Pascal! Et Icare qui fond ses ailes en tentant de s’envoler dans les sphères de l’esprit ce n’est guère plus brillant.
Dans la Cité
Dans la cité l’ambivalence est aussi flagrante. On rêve la démocratie et la liberté mais on vit le pouvoir et la domination et on couronne les guerriers de lauriers. Les Olympiades, une alternative intéressante qui survit aux Grecs. Le symbole : l’homme vêtu de marathon, porte le flambeau à toutes les cités pour les inviter à des jeux où l’on se combattra avec amitié! Le yin et le yang non fusionnés mais liés à l’occidental par la force de la raison. L’excellence, la performance, non la race sera couronnée de lauriers. Ainsi l’horreur des conflits sanglants sera absorbée par le sable chaud des arènes vibrantes de vivats!
La conquête de l’au-delà
L’au-delà, quel que soit le nom qu’on lui donne aux différents temps et espaces de l’homme, a toujours été dominant. La sourdine chrétienne qui fait de Dieu un père et des hommes ses fils n’abolit que partiellement la distance et le poids du destin que Dieu impose à l’homme.
· En Chine l’au-delà c’est l’œuf ou la matrice de ce qui existe. Rien de haut ni d’extérieur. On vénère Confucius comme nous Platon ou Socrate. On a bien adopté le bouddhisme et créé autant de bouddhas qu’íl y a de facettes à la vie et aux humeurs changeantes des hommes, mais le bouddhisme en Chine c’est un super-marché qui entretient et nourrit les espoirs et les attentes des hommes. D’ailleurs le bouddhisme chinois est fortement teinté de taoisme. Il écoule ses années au rythme du calendrier chinois qui vibre aux sonorités des éléments de la nature. Pas beaucoup de traces de cette hantise de l’Éveil ni du Nirvana dans le bouddhisme chinois. Et les ancêtres chinois même « divinisés » ne sortent pas du cercle familial.
· La Chine vit ses mystères à l’horizontal.
· Cependant, peut-être signe des temps, on a vu le porteur de la flamme olympique escalader la verticale et porter le flambeau haut dans le ciel. Et les feux de la terre ont marqué et marquent souvent le ciel chinois d’artifices aux promesses colorées.
· Et aussi à la clôture on a vu des alpinistes escalader avec frénésie cette tour qui pouvait rééditer le défi de Babel et en redescendre pour en reprendre l’ascension avec autant de vigueur. Présage des temps nouveaux? Le ciel sera conquis par la terre comme le nouveau monde l’a été par l’ancien.
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· En Occident l’au-delà a géré longtemps la vie, la morale, les destinées et les politiques de ses occupants. Aujourd’hui on se débranche petit à petit et avec certaines peines de ce téléguidage
Bref, tant dans sa relation avec les forces de la terre que dans sa vie sociale et dans son appréhension de l’au-delà la Chine vit des dimensions mal connues de l’Occident et s’exprime en des symboles différents.
La question de l’heure, la Chine qui a su ouvrir les jeux avec une force d’évocation inégalée saura-t-elle porter pour sa population et pour toute l’humanité la flamme d’une nouvelle ère qui harmonisera comme le Yin et le Yang, l’Orient et l’Occident, la tradition et la création, la fraternité et la combativité des jeux à l’efficacité économique pour un mieux être de tous les humains?
S’il y avait référendum sur cette question, « quelle nation vous apparaît la plus apte à diriger les destinées de l’humanité? », je voterais sans hésiter pour la Chine.
Florian
Florian
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