Tout comme en Laurentie et en Abitibi-Témiscamingue, nous anticipions le même phénomène, soit tout l'Estrie offrant son chevalet d'artiste au temps-peintre. Émerveillement d'une courte durée de deux jours, les 8 et 9 octobre.
L'autoroute des Cantons-de-l'Est, en ce temps d'automne, est une artère nourrissant les paysages de toutes couleurs comme ça n'a pas de bon 'sang'.
S'il y a moins de carmin et plus d'ambré qu'à Mont-Laurier, il ne manque absolument rien.
Un premier arrêt prévu, au piémont du massif Orford. Plus secrètement, au lac Stuckely, domaine des Étoiles, la retraite d'un jeune retraité, installé-là depuis dix mois à peine. Quitter la ville pour le compagnonnage des chevreuils quotidiens lui apprenant ce nouveau pays? Oui! Par une volonté tranquille dont l'énergie s'apparente à celle de l'erre d'un paquebot. Bonheur-du-jour de constater qu'il soit arrivé à bon port, arrimé à Eastman.
Chemin faisant hors autoroute, presqu'à pas d'âne, pour respecter l'offrande picturale des « Eastern Townships », nous stoppons le mulet pour un deuxième arrêt, imprévu celui-là, à Cookshire-Eaton. Les Abénakis partis, James Cook y a accompagné les premiers colons américains s'établissant le long de la rivière Eaton. Appréciant le coup de main du guide, les Loyalistes baptisèrent la place de son nom. Voilà pour l'ancienne histoire. La récente, la mienne raconte que j'y viens saluer des amis. Du genre de monde que tu rencontres une fois et que tu sais que ta mémoire ne les perdra pas. C'est tout simple. On ouvre la porte, on dit 'Tourlou!', et 'La santé?' puis c'est le moment de les quitter parce que le soleil descend déjà et qu'il nous reste des montagnes peintes à voir, des 'Mont Ste-Victoire' à collectionner. À l'automne de la vie, le temps manque pour déplier les amitiés.
Presque pieusement, se parlant à demi voix, nous commentons nos impressions devant les campagnes et villages... Bury, Scotstown, La Patrie, Chartierville, St-Isidore-de-Clifton, St-Malo (Ce village le plus haut du Québec qui a vu naître l'ami que nous venons tout juste de quitter.), St-Venant-de-Paquette, East Hereford, notre lit d'une nuit, à quelques enjambées du territoire de m'sieu Bush.
Depuis quelques automnes, nous projetons marcher le Sentier Poétique. Nous y sommes enfin. St-Venant-de-Paquette qui renonce à renoncer... Belle histoire à voir! Les Amis du Patrimoine. La paroisse ferme à la fin de 1999. Qu'arrive-t-il? Plus d'école, plus de bureau de poste, plus de Caisse Populaire, plus de dépanneur, plus de culte, cent personnes résidentes... Histoire d'église.
Nous avons tellement aimé; nous avons été tellement impressionnés; nous avons senti l'appartenance au pays! De La Sarre à St-Venant!
Étant donné que le climat électoral actuel ne m'a soutiré aucune cotisation partisane, il a été facile de devenir Ami$ du Patrimoine de St-Venant très politicaly correct.
Les méninges en alerte mais physiquement moulus, les bottines de marche en échange de souliers frais, il a bien fallu dire à Madame Bessette de la Maison de l'Arbre 'Merci pour votre accueil chaleureux. Au revoir! Ce n'est qu'un au revoir'.
Pégase pris l'ordre de nous ramener par monts et par vaux, de prendre un chemin qui rallonge, de ne pas se préoccuper des yearlings sur la route.
Sortant d'un temple presque laïcisé mais pas trop, il nous fut encore pertinent de continuer, les regards méditatifs, et d'égrener notre chapelet de grains de beauté. St-Herménégilde, Coaticook, Barnston, Ayer's Clift, Magog...
Magog, sur la '10'. À notre étonnement, la virée est finie... D'artère, l'autoroute devient un ruban d'asphalte jusqu'à la stalle de Bucéphale. À l'instar d'Alexandre le Grand, d'autres conquêtes occuperont le bourrin.
Promesse de politicien, je vous y amènerai.
--- ---
J'ai scanné une image venant d'un livre... à la rescousse d’un village : Un Vaisseau dans les Brumes représentant une partie importante de l'intérieur de l'église. Ma foi! que je trouve ce cliché superbe et entretenant l'émotion que j'ai eu en pénétrant dans le temple. 30 ans d'artisanat; 19 essences de bois (?) de la région que les colons apportaient de leur terre et qu'ils oeuvraient eux-même...
De ce scan, j'en ai fait un fond d'écran, si le coeur vous en dit. (Disponible sur demande pour une plus haute résolution.)