mardi, mai 05, 2009

Récits de voyage -- Six et fin

MARCO POLO (1254-1324), La Description du monde (1298)

Marco Polo, né en 1254 et mort en 1324, à Venise, appartient à une famille de marchands. En 1253, Maffeo et Nicolo, dont la femme est alors enceinte, quittent leur ville natale pour rejoindre le comptoir fondé à Constantinople par leur frère, Marco l'Ancien. En 1261, un voyage commercial en Asie les mène jusqu'à Karakorum, la capitale des Mongols où ils rencontrent le Grand Khan Khubilaï Khan, qui les charge d'une ambassade auprès du pape. De retour à Venise, les frères Polo ne peuvent s'acquitter de leur mission: le souverain pontife est mort et l'on tarde à élire un successeur. Ils repartent en 1270, emmenant avec eux le fils de Nicolo, le jeune Marco. Le voyage, par voie de terre jusqu'à Cambaluc (Pékin), dont Khubilaï a fait sa capitale, dure jusqu'en 1275. Marco Polo séjourne alors en Chine jusqu'en 1292, auprès du Grand Khan qui lui confie des missions diplomatiques et administratives en diverses provinces de l'Empire. En 1291, les Polo quittent la Chine; empruntant cette fois-ci une voie maritime, ils arrivent à Venise en 1295.

En 1298, à la suite de combats entre navires vénitiens et génois, Marco Polo est emprisonné à Gênes où il a pour compagnon de captivité l'écrivain Rustichello de Pise. De cette rencontre naît une œuvre fondatrice du genre du récit de voyage, dans la mesure où l'itinéraire suivi ordonne la trame narrative dans laquelle s'inscrivent les descriptions. Après le prologue et l'implication des circonstances qui président au voyage, le livre Jque les contrées traversées ou approchées par les Polo dans Ia route vers le Grand Khan, puis le monde mongol et en particulier la Chine où s'est installé Khubilaï; enfin, le trajet du :our nourrit l'une des premières descriptions occidentales de ce 'on appelait alors les Indes.

Le livre de Marco Polo rencontra d'emblée un grand succès, comme l'atteste le nombre des manuscrits, auxquels les copistes donnent divers titres: La Description du monde (Le Devisee,nt du monde, en ancien français), Le Livre des Merveilles, Il Millione en italien.

Ceylan: tombeau d'Adam (?...) du Bouddha

Sachez encore qu'il y a dans cette Île de Ceylan une très grande et haute montagne, si abrupte et escarpée que nul ne peut y monter sans utiliser de grandes et grosses chaînes de fer, disposées de telle sorte que les gens puissent faire l'ascension de la montagne. J'ajoute qu'on dit qu'au sommet de cette montagne se trouve le tombeau d'Adam, notre premier père. Selon les sarrasins, il s'agit en effet du tombeau d'Adam, mais selon les idolâtres, il s'agit du premier tombeau du premier idolâtre du monde, qu'ils nomment Bouddha Sakyamouni. Ils disent que ce fut le meilleur homme du monde et qu'il fut un saint, à leur manière. Ils racontent qu'il était le fils d'un riche roi, mais menait une vie si pure qu'il ne se souciait pas des choses de ce monde et ne voulait nullement être roi. Quand son père vit son mépris des choses terrestres, sa répugnance à régner, il en futt fort fâché, il le tenta par de nombreuses promesses, mais le fils ne voulait de rien. Ce fut pour le père une grande douleur, d'autant plus qu'il n'avait pas d'autre fils à qui il pût transmettre son royaume après sa mort. Aussi eut-il l'idée de faire construire pour son fils un magnifique palais où il le fit servir par de nombreuses jeunes filles, les plus belles qu'on pût voir, auxquelles il commanda de jouer jour et nuit avec lui, de danser et de chanter pour lui et que le cœur de son fils s'intéressât enfin aux choses de ce siècle. Mais ce fut peine perdue, car le fils disait qu'il voulait partir à la recherche de celui qui ne mourra jamais, bien que tout homme est promis à la mort, vieux ou jeune. Ainsi fit-il. Une nuit, il sortit en secret de son palais, rendit dans des montagnes très hautes et écartées où il se retira pour mener une vie très vertueuse, rude, aussi ardente que s'il eût été chrétien, et s'il l'eût été en effet, c'eut été un grand saint, à la façon de Notre-Seigneur Jésus, tant il menait une vie pure et vertueuse. Quand il mourut, on en informa son père. Quand celui-ci vit mort celui qu'il aimait plus que lui-même, il faillit en perdre la raison, fit faire à son image une statue en or, incrustée de pierres précieuses et la fit adorer aux habitants du pays, et ils disaient qu'il était dieu. Ils le disent encore aujourd'hui joutent qu'il est mort quatre-vingt-quatre fois. La première fois qu'il mourut, il mourut homme, puis ressuscita, devint bœuf et mourut bœuf, ressuscita et devint cheval, et disent-ils qu'il mourut quatre-vingt-quatre fois, et chaque fois il devenait un animal d'une espèce différente; la dernière fois qu'il mourut il devint dieu - à ce qu'ils disent - et ils le tiennent pour le plus grand dieu ...

C'est ainsi que les Récits de mes voyages voyagent.

1 Commentaire:

Quidam duFleuve a ?crit...

Qui veut voyager loin ménage sa monture. Qui veut partir serein profitera de cette lecture !

Qui veut voyager loin ménage sa monture. Jean Racine. Extrait de "Les Plaideurs".

Cé qui sa Jean Racine? I veut-tu dire "Qui veut voyager loin ménage sa fortune? Qui veut rester pas loin,'a' rienk à prendre racine"."