samedi, décembre 16, 2006

Mon Hamidou.

Ce beau samedi me dit que je pourrais vous entretenir sur un ami. Une amitié relativement récente? Plus ou moins. Son nom, comme le bonhomme, ne sont pas communs. Hamidou Mamadou Abdou est mon ami. Ce possessif n'est honneur que pour moi. J'en pète de fierté. C'est un peu, beaucoup une relation d'accomplissement pour moi; j'espère vous la faire comprendre. Puis, il a un prénom prédestiné, quoi! Hamidou...

Je l'ai connu quand Marie-Ève Cousineau, que plusieurs d'entre vous connaissent certainement (oui, c'est bien la journaliste pigiste!), avec qui j'entretiens une belle relation cérébrale. Elle me l'a fait rencontrer dans le contexte « tu vas voir, il est extraordinaire, exceptionnel ». Elle ne pouvait dire moins! Puis elle connaît mon niveau d'admiration que je porte à des immigrants qui enrichissent leur terre d'accueil. À cette rencontre, dans une salle aux dimensions d'un kiosque à journaux, il y avait une bonne trentaine de Québécois différents de notre masse heureuse.

Vous savez l'importance de la diaspora africaine présente au pays. Des cadres, des intellectuels, des professionnels d'Afrique francophone ayant acquis leur formation avant d'arriver, ou venant parfaire leur préparation, ou ayant pris leur bagage dans nos écoles, parce qu'en rupture avec certains régimes africains, ont décidé de s'installer au Canada qu'ils préfèrent à « l'impérialisme américain » et au « néo-colonialisme français ». Des enfants favorisés d'Afrique francophone viennent étudier plus à Montréal qu'à Paris pour apprendre la technologie nord-américaine en français. De ces étudiants africains choisissent de rester au Canada et y faire leur carrière professionnelle.

Pour donner deux exemples. Monsieur Ibrahim Dia d'origine mauritanienne est devenu Vice-président à la Banque Royale pour la province de l'Ontario après des études universitaires au Québec. Monsieur mon ami Hamidou, originaire du Niger est vice-président de CIMA+ international, une importante firme de génie-conseil dont le bureau-chef a pignon sur le boulevard du Souvenir à Laval. En province, CIMA+ justifie 15 autres places d'affaires (850 employés). De plus, la firme est en Algérie, au Niger et au Congo. C'est bourré d'ingénieurs et de développeurs, ces bureaux-là!

Frappant!, en devenant Québécois, « mon ami » Hamidou a pu se rendre utile au Niger. « Au Niger, les gens croient que je travaille pour une ONG! » Il est ici depuis 15 ans et dirige CIMA+ Internationale.

C'est lui qui a supervisé la construction de systèmes d'assainissement autonome à Niamèy, capitale du Niger, dépourvue d'égouts. Il y a aussi mis sur pied un bureau qui emploie 70 travailleurs locaux. «Je n'aurais jamais pu créer autant d'emplois en restant là-bas, dit-il. Même en tant que politicien! ». Et comme prosélyte, lui ai-je soufflé.

Lorsqu'il a décroché son doctorat en ingénierie à l'École polytechnique de Montréal, en 1996, Hamidou Mamadou Abdou comptait bien mettre son expertise en ressources hydriques au service du Niger - il avait obtenu une bourse de l'ACDI pour cela. Mais le projet de barrage hydroélectrique du pays venait d'être mis en veilleuse. H M A (il accepte parce que c'est pratique) et sa femme, une compatriote, ont donc décidé de faire leur vie dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, avec leurs deux jeunes enfants. Depuis, ils sont devenus citoyens canadiens. Et un petit dernier est né. Maintenant citoyens de Ste-Rose.

H M A passe maintenant sa vie entre le Québec et l'Afrique. Après son arrivée à Cima+, en 1999, il a rapidement concentré les activités internationales de l'entreprise sur le continent africain. Là demande d'ingénieurs-conseils y est énorme. «Je me sentais redevable envers l'Afrique», dit l'ingénieur de 43 ans, qui a aussi étudié en Chine (il parle le mandarin). Ses études universitaires ont été financées en bonne partie par l'État nigérien. De plus, ses 27 frères et soeurs (son père était polygame) habitent toujours ce pays en développement. «Je leur envoie le tiers de mon salaire depuis le décès de mon père, il y a un an», dit l'aîné de la famille musulmane. -- Voyez qu'il ne se satisfait pas que de l'obligation charitable du Ramadan! Comme quoi on peut aller plus loin que le Coran.

Avec trois bureaux de Cima+ en Afrique, H M A sent qu'il fournit sa part pour son continent d'origine. Dans des pays pauvres comme le Bénin, le Mali et le Tchad, où on vit avec moins de deux dollars par jour, ses réalisations font la différence. Au Burkina, par exemple, son entreprise a réparé des routes de terre secondaires. « Ces routes sont essentielles pour que les producteurs agricoles puissent acheminer leurs produits vers les grands centres », dit-il. Leur pain quotidien en dépend...

Qui ne voudrait pas de l'amitié québécoise d'un ami doux? Vous connaissez maintenant la recette. Rencontrez Marie-Ève; elle manage un club de rencontres!

Le Canada aurait donc intérêt à consulter ses citoyens d'origine africaine pour élaborer sa politique africaine, notamment en matière d'investissements et de paix sur le continent. Je vous promets d'en glisser un mot à une connaissance, fils d'un homme de théâtre qui, à sa manière, à fait la différence.

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Merci Marie-Ève de m'avoir accointé à HMA; d'être d'Actualité en ce 15 décembre 2006. Merci le Webmaster Inconnu, soldat de l'info, animant un Magazine Transatlantique.


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