lundi, décembre 25, 2006

Devra-t-on vous souhaiter "Joyeux Solstice"?

Il y a peu, Réjean deFrance écrivait "Peut-on vous souhaiter un "Joyeux Noël"? Question de l'heure et de heurts s'il en est! Question pertinente pour épithélium culturel délicat. On en fait même un sujet d'édito.

J'ai choisi d'éditer ainsi plutôt que de rédiger un commentaire au billet de Réjean... qui n'aurait pas été dans la suite de ceux déjà signés. Voici donc l'idée, l'opinion de Mario Roy qui a Presse-en-Ville.

Mario Roy -- Éditorialiste mroy@lapresse.ca

Joyeux solstice 24 décembre 2006

Il faudra se faire à l'idée, l'époque des choses simples est à jamais révolue. Et ce n'est pas parce qu'on célèbre la Noël que l'air tendre du temps facilitera la vie. Prenez le sapin, par exemple. En avoir un ou pas? Et, si oui, de quelle sorte? Naturel ou artificiel? Où l'acheter? Existe t il des sapins «équitables»? Où le placer? Et à qui le faire voir? C'est toute une affaire. Elle mobilise le bon goût et la conscience. La rigueur des principes et la bonne entente entre civilisations.

Ainsi, à tout prendre, il semble bien que le sapin naturel soit plus écologique que le machin en plastique fabriqué en Asie.

Nulle part, on n'a trouvé d'accommodement

raisonnable susceptible d'amener une trêve à

la « guerre de Noël»...

Mais ce n'est pas si sûr.

Il faut le couper à l'aide d'une scie mue par un moteur à deux temps, qui pollue horriblement. Et c'est sans compter la dépense énergétique de l'humain qui la manie, laquelle doit être compensée par l'ingestion d'aliments qui soutiennent. or, les bûcherons végétariens sont rares et on sait ce qu'il en coûte à la terre mère de produire de la viande. Et c'est sans compter l'existence horrible qui est faite aux animaux de boucherie. Et c'est sans compter la pollution causée par leurs déjections. Et c'est sans compter les pesticides employés pour protéger les sapins ainsi que la nourriture bouffée par les animaux que bouffent les bûcherons Et c'est sans compter qu'il faut transporter ces arbres par camions Or, à ce moment là, il faut prendre en compte...

Ça donne le tournis.

Mais ce n'est pas encore le plus délicat. Avoir ou ne pas avoir de sapin: là est toute la question qui se pose partout dans le monde.

A Toronto, un tribunal a ordonné de cacher derrière des vitres givrées (du même type que celles installées dans un célèbre gymnase montréalais pour cacher une autre ramure ... ) un sapin d'abord placé dans le hall d'un édifice gouvernemental. À Pordic (Bretagne) et à Saint Augustin (Gironde), des sapins ont été vandalisés, forcément par des gens qui les détestent. À Londres, trois employeurs sur quatre ont interdit les sapins pour ne pas offenser les personnes qui, sans doute, préfèrent d'autres arbres. À Seattle, l'aéroport s'est doté de 14 sapins promeneurs, qui ont été montés, puis démontés, puis remontés, parce qu'on n'arrivait pas à décider si, justement quelqu'un était offensé!

Bref, à aucun de ces endroits on n'a trouvé... d'accommodement raisonnable susceptible d'amener un trêve à ce que aux États Unis, on a officiellement baptisé la «guerre de Noël ».

La guerre de Noël. Eh oui. Que voulez vous. C'est ainsi. Nous préférons brandir le drapeau blanc.

Pour être sûr de n'offenser personne, nous érigerons et décorerons un rameau d'olivier Pour être sûr de transmettre des voeux neutres, nous ferons appel au solstice d'hiver, dont la célébration remonte précisément à ce jour où un petit futé des cavernes notre ancêtre à tous, a plus ou moins compris la parade immuable des saisons.

Joyeux solstice, donc! Et savourez bien la traditionnelle dinde. Quoique, peut être, certains puissent préférer une autre bête. Et alors, il faudra prendre en compte...


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